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Les politiques favorables au mariage pour tous sous la pression des opposants

Esther Benbassa, Erwann Binet, Chantal Jouanno... La liste des personnalités politiques prises à partie par les anti-mariage pour tous s'allonge.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Erwann Binet, rapporteur du texte sur le mariage pour tous, a annulé ses interventions publiques, après avoir été pris à partie par des opposants et des membres des jeunesses nationalistes, le 5 avril 2013 à Saint-Etienne.  ( MAXPPP)

L'examen, depuis jeudi au Sénat, du texte ouvrant le mariage aux couples de même sexe attise les rancœurs contre certaines personnalités politiques favorables au mariage homosexuel. Ces derniers jours, plusieurs d'entre elles ont été prises à partie par les opposants au mariage pour tous, dont les attaques transcendent désormais le traditionnel clivage droite-gauche. Francetv info revient sur les derniers dérapages en date. 

Menaces contre l'écologiste Esther Benbassa

La sénatrice écologiste du Val-de-Marne Esther Benbassa a rapporté, samedi 6 avril, que les roues et l'arrière de sa voiture avaient été "défoncés" et que le véhicule, garé près de chez elle, dans le XIe arrondissement de Paris, avait été poussé sur un passage piéton. Sur Twitter, elle estime que ces actes ont un lien avec son soutien au projet de loi sur le mariage pour tous.

"Je reçois depuis plusieurs jours de nombreuses menaces par téléphone et par mails, ainsi que des dizaines de lettres de mauvais goût à mon bureau au Sénat", a également indiqué la sénatrice, contactée par l'AFP. "On me dit qu'on va me 'casser la gueule'". La sénatrice a aussi précisé que deux de ses collègues écologistes, les sénatrices Corinne Bouchoux (Maine-et-Loire) et Leïla Aïchi (Paris), ont eu leurs adresses mail professionnelles détournées. Celles-ci ont été utilisées frauduleusement pour envoyer, en leur nom, des messages anti-mariage pour tous aux autres sénateurs de leurs départements.

Elus socialistes pris à partie et permanence dégradée

Le même jour, Erwann Binet, le rapporteur socialiste de la loi, a annoncé qu'il annulait ses prochains débats à l'Institut d'études politiques de Grenoble et dans deux autres facultés de la région parisienne, invoquant des raisons de sécurité. La veille, il avait été pris à partie par des membres des Jeunesses nationalistes lors d'un débat avorté à la faculté de droit de Saint-Etienne. "Je n'ai pas l'intention de refaire d'autres débats dans l'immédiat. Je le regrette vivement, mais il n'est pas possible de continuer dans ces conditions, il faut que les opposants se ressaisissent", a fait savoir le député PS de l'Isère, estimant que "les opposants ont été pris en otage par des fous d'extrême-droite".  

Binet, qui avait déjà été empêché fin mars d'achever une intervention à l'université de Saint-Quentin-en-Yvelines, n'est pas la seule figure socialiste à avoir été pris à partie par les opposants. La ministre de la Justice, Christiane Taubira, avait ainsi été huée lors d'un déplacement à Lyon. Dans la nuit de jeudi à vendredi, c'est une permanence parisienne du parti qui a été dégradée. Le parti a réagi, pointant du doigt la "présence de groupes extrémistes à proximité immédiate des lieux du saccage (...)". Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, s'est fendu d'un tweet samedi.

La centriste Chantal Jouanno réveillée par les anti

Jeudi, jour de l'ouverture des débats au Sénat sur le texte, c'est la sénatrice UDI Chantal Jouanno qui a été la cible d'une soixantaine d'opposants au mariage homosexuel. Ils sont allés la réveiller, criant devant son domicile du 12e arrondissement de Paris "un père et une mère, c'est élémentaire !", afin de l'inciter à voter contre la loi.

L'action n'a pas vraiment eu l'effet escompté et a déclenché la colère de l'élue parisienne : "Il y en a marre de ce pays, où le moindre débat est l'objet et la raison de violence, on est des élus, on a aussi le droit au respect de notre vie privée", s'est-elle exclamé sur France Bleu"Si les démonstrations de force font plier la conscience et les convictions des élus, dans ces conditions on n'est plus en démocratie."

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