Adoption d'"enfants atypiques" par des homosexuels : la responsable du service adoption de Seine-Maritime crée la polémique
Pour Pascale Lamare, responsable du service adoption au département de Seine-Maritime, les couples homosexuels "ne sont pas prioritaires" pour adopter un enfant et doivent s’ouvrir à "des profils d’enfants atypiques".
Depuis 2013, les couples homosexuels peuvent adopter des enfants au même titre que les couples hétérosexuels. Pourtant des discriminations persistent, notamment en Seine-Maritime, où ces couples "ne sont pas prioritaires" et doivent s’ouvrir à "des profils d’enfants atypiques" selon les propos tenus lundi 18 juin par la responsable du service adoption au micro de France Bleu Normandie (Seine-Maritime-Eure).
"Pas exclus" mais "pas prioritaires"
"On nous a dit que, pour avoir une chance, nous devions nous préparer à accueillir 'un enfant à besoins spécifiques', c'est-à-dire grand ou avec un problème de santé, un handicap", a témoigné une jeune femme, candidate à l'adoption, au micro de France Bleu Normandie.
Ce qu'a confirmé Pascale Lemare, responsable du service adoption au département de Seine-Maritime. "Les couples homosexuels ne sont pas exclus mais ils ne sont pas prioritaires". Ces couples sont "eux-mêmes un peu atypiques par rapport à la norme sociale mais aussi la norme biologique [donc il faut que] leur projet supporte des profils d'enfants atypiques, un enfant dont personne ne veut", a-t-elle expliqué au micro de France Bleu Normandie. Pour la responsable de l'adoption au département, les couples homosexuels doivent être "ouverts" sur le profil de l'enfant à adopter.
Des propos "contraires aux principes de neutralité"
Face à la polémique suscité par ses propos, Pascal Martin, le président du département de Seine-Maritime, a condamné, lundi après-midi, les propos de sa directrice de l'adoption qui, dit-il, ne reflètent en rien la position du département. Le directeur général des services devait rencontrer lundi la responsable de l'adoption. Il va se rapprocher du conseil de famille qui sélectionne les dossiers d'adoption présentés par le département pour chaque enfant.
Le secrétaire d'État Olivier Dussopt a réagi à son tour estimant que "si les propos sont vérifiés, ils sont contraires aux principes de neutralité, d’égalité et de refus des discriminations qui caractérisent la fonction publique. Je les condamne et prends acte de leur condamnation par le président de Seine-Maritime".
Au début du mois de mai, il y a eu un précédent en Meurthe-et-Moselle. "Le président du Conseil de famille a déclaré qu'il privilégiait les familles hétérosexuelles aux couples de futurs parents de même sexe. On a déposé plainte, on sait que le procureur a demandé à ce que la personne soit entendue par la police de Nancy", a expliqué Alexandre Urwicz, le président et co-fondateur de l'Association des familles homoparentales. "On ne peut pas discriminer comme ça les familles entre elles. C'est tout simplement insupportable."
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