Réforme de la police judiciaire : des centaines de policiers et magistrats manifestent dans une trentaine de villes
La réforme prévoit de placer tous les services de police sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale. Les détracteurs craignent un renforcement du poids du préfet.
"Touche pas à ma PJ" : des centaines d'enquêteurs de police judiciaire hostiles à la réforme de leur filière sont mobilisés, lundi 17 octobre, avec le soutien de magistrats et d'avocats. Objectif : convaincre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de renoncer à son projet. Les opposants se sont réunis à la mi-journée "dans 36 villes", selon l'Association nationale de la police judiciaire (ANPJ).
Avec @AndyKerbrat en soutien à la police judiciaire devant le tribunal de Nantes pour le retrait de la réforme Darmanin. Magistrats et avocats aux côtés de ces policiers pour le service public, les moyens d'investigation, l'action judiciaire contre la criminalité #PJ pic.twitter.com/qWHjlHHvTY
— Matthias Tavel (@MatthiasTavel) October 17, 2022
#magistrats et #avocats en nombre devant le Commissariat de Pau, aux côtés de la Police Judiciaire pour défendre des enquêtes indépendantes et de qualité #sauvonslapj @ANPJ_ASSO @USM_magistrats pic.twitter.com/CdrA4yUlag
— Jérémy Forst (@forst_jeremy) October 17, 2022
La réforme, voulue par le ministre de l'Intérieur, prévoit de placer tous les services de police du département (renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ) sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet. Les agents de la PJ, chargée des crimes et enquêtes les plus graves, seraient intégrés à une filière investigation avec leurs collègues chargés de la délinquance au quotidien. Les détracteurs du projet pointent un risque de "nivellement vers le bas" et de renforcement du poids du préfet, sous tutelle de l'exécutif, dans les enquêtes.
Le député Eric Ciotti venu soutenir la mobilisation à Nice
Ce qui inquiète les professionnels, "c'est une perte de moyens et d'être saturés par le contentieux de masse que traite actuellement la sécurité publique", a déclaré Yann Bauzin, président de l'ANPJ. "Si on vient au renfort de collègues qui sont saturés avec 300 procédures sur leur bureau, moi qui actuellement fais des enquêtes qui durent parfois plusieurs années et qui ai dix dossiers sur mon bureau, il est bien évident qu'un dossier de plus, c'est 10% de mon temps qui est distrait", a-t-il détaillé.
A Nanterre, 200 à 300 fonctionnaires des offices centraux de la PJ, se sont rassemblés derrière une banderole : "les offices contre la DDPN". Des magistrats des juridictions interrégionales spécialisées (JIRS), en robe, les ont rejoints. A Lyon, environ 150 officiers de police, magistrats ou avocats se sont retrouvés devant le Palais de justice. Dans le sud-est de la France, 80 manifestants étaient présents en Corse ou à Nice, où le député Les Républicains des Alpes-Maritimes Eric Ciotti est venu "soutenir ce mouvement de protestation".
Place du palais de justice à #Nice06 pour apporter mon soutien à la police judiciaire.
— Eric Ciotti (@ECiotti) October 17, 2022
Écoutons les professionnels. Écoutons les retours d’expériences dans les départements tests.
Je le redis, Monsieur Darmanin, ne tuez pas les brigades du tigre ! pic.twitter.com/8lX2aCKa1D
A Strasbourg, environ 60 agents de police et une vingtaine de magistrats se sont mobilisés. Ils étaient également une cinquantaine à Brest et à Lille. Devant la préfecture de l'Hérault à Montpellier, il y avait 150 à 200 manifestants.
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