Manifestation avant la sortie de <i>Hors la loi</i>
S'il fallait encore une démonstration que la plaie ouverte par la guerre d'Algérie est encore à vif, 48 ans après la fin du conflit, la projection en avant-première du film Hors la loi hier à Marseille en fait office.
Une centaine de personnes s'étaient rassemblées devant le cinéma, pour la plupart, pieds-noirs, harkis ou anciens militaires mobilisés lors du conflit. Sous des banderoles dénonçant “un financement français pour un film anti-français”. Ils ont fait face à quelques dizaines de militants du Parti des indigènes de la République, mouvement qui se définit comme anticolonialiste. Les insultes et autres démonstrations hostiles faisant monter la tension, la police est intervenue pour séparer puis disperser les manifestants.
La journée ferait-elle figure d'avant-goût à la sortie nationale du film, ce mercredi ? En tout cas, les opposants ne désarment pas. Ils accusent le film de Rachid Bouchareb de “falsifier l'Histoire” et s'étranglent que le Conseil régional de PACA ait pu financer le film à hauteur de 100.000 euros. Le député des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, qui s'est illustré au cours de l'épisode de la loi sur l'enseignement des “effets positifs de la colonisation” en 2005, qualifie le film de “négationniste” avant même de l'avoir vu.
La polémique est telle que le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, Hubert Falco, a été saisi et il a demandé au service historique du ministère de la Défense d'émettre un “avis historique”. Un avis qui dénonce aussi les “erreurs” et les “anachronismes”. La carrière du film a commencé à Cannes entre des cordons de policiers pour assurer la sécurité de ses projections.
Quelque soient ses qualités, le film de Rachid Bouchareb s'inscrit donc déjà dans l'histoire des suites de la “sale guerre”. Une longue série, dont les derniers épisodes évoquent sont les propos du général Aussaresses sur la torture, la loi de 2005 sur les Français rapatriés, la stèle en hommage à l'OAS à Marignane. A chaque fois, les souvenirs, la colère et les larmes des uns et des autres ressurgissent. “Plus on s'éloigne dans le temps de la guerre d'Algérie, plus on s'en rapproche”, expliquait l'an dernier dans une interview l'un des plus éminents spécialistes de la question, l'historien Benjamin Stora.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.