Six campagnes insolites de l'Eglise pour récolter des dons
Les diocèses rivalisent d'imagination et d'initiatives, plus ou moins heureuses, pour convaincre les catholiques à participer au denier du culte.
"Un produit 100% divin qui a besoin de vous sur adopte un curé.com." Jeudi 15 mai, les diocèses de Normandie ont détourné le slogan d'un site de rencontres pour recueillir des dons. Ils espèrent ainsi toucher une population plus large que leurs paroissiens. Cette campagne se déroule dans le cadre du denier du culte, ou denier de l'Eglise, qui sert à payer les prêtres et les laïcs employés par les églises, ainsi qu'à financer l'entretien des bâtiments. Pour interpeller un public qui leur échappe et moderniser leur image, certains diocèses n'hésitent pas à avoir recours à des campagnes pour le moins inventives. Tour d'horizon.
1La plus geek : "Adopte un curé"
Le 15 mai, les six diocèses de Normandie ont dévoilé leur site internet Adopteuncure.com. Afin d'attirer l'attention d'un public plus jeune, les prêtres se mettent en scène à la manière du site de rencontres Adopteunmec.com.
Les diocèses normands travaillent ensemble depuis plusieurs années pour le denier du culte, avec une campagne classique d'incitation au don, explique le vicaire général à l'AFP. "La campagne sur internet vient donc en complément", précise-t-il.
2La plus rock : "On a tous quelque chose en nous de Jésus-Christ"
Johnny Hallyday détourné pour les besoins de l'Eglise. En mars 2013, les diocèses des Vosges et de Meurthe-et-Moselle ont lancé une campagne d'affichage publicitaire à grand renfort de paroles de chansons de Johnny, légèrement modifiées pour l'occasion.
"Johnny, c'est intergénérationnel", souligne le chargé de communication du diocèse de Saint-Dié, Christophe Chevardé, qui estime que "les textes de ce chanteur, que tout le monde connaît, sont intéressants et rappellent l'essence du don".
3La plus top secrète : "Cet homme est en mission"
C'est un habitué des opérations grand public. A l'origine du groupe de musique Les Prêtres, Jean-Michel Di Falco, évêque du diocèse de Gap et d'Embrun (Hautes-Alpes), a lancé en février 2014 une campagne d'affichage mettant en scène un prêtre de 26 ans, relooké en agent secret, comme le raconte France 3 Provence-Alpes.
"C'est une affiche qui doit parler à tout le monde, notamment aux jeunes, pour dynamiser la campagne du denier du culte. C'est une affiche très ludique qui décomplexe le langage de l'Eglise", explique un porte-parole du diocèse à France 3 Provence-Alpes.
4La plus tape-à-l'œil : "L'Eglise est riche… de sens"
Couleurs criardes, affiches sur des panneaux publicitaires et slogan choc "L'Eglise est riche" accompagné d'une astérisque "de sens, d'amour, de bénévolat, d'espérance... mais elle a besoin de vous". Le site Nantes Maville rapporte que cette campagne a été lancée en 2010 par neuf diocèses de l'Ouest.
"Beaucoup de catholiques ne donnent pas parce qu'ils ne connaissent pas le denier, explique Sophie Nouaille, chargée de la communication pour le diocèse de Nantes. Cette campagne vient leur rappeler son existence et leur expliquer à quoi il sert."
5La plus prophétique : "J'ai une bonne nouvelle"
Plus sobre que les autres, certes. Mais ce n'est pas tous les jours qu'un prêtre pose sur une affiche promotionnelle façon joueur de foot ou star de cinéma. C'est l'évêque de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Marc Aillet, qui s'est prêté à l'exercice le 16 mars.
"On se heurte à des préjugés tenaces selon lesquels l'Eglise bénéficierait de subventions d'Etat ou du Vatican. Or, il n'en est rien", confie l'évêque à la République des Pyrénées.
6La plus osée (pour l'Eglise) : "Jésus crise"
En 2010, le diocèse de Nancy avait déjà réalisé une campagne pour récolter le denier du culte. Mais, comme le raconte La Croix, ces panneaux et slogans avaient choqué au sein de l'Eglise.
"Ce n'est pas un 'dérapage'", avait précisé à l'époque un membre du Conseil diocésain au quotidien catholique. "Jusqu'alors, chaque année, comme tous les diocèses, nous avions une campagne gentillette qui rappelle qu'il faut donner. Or, nous avons constaté que nous perdons des donateurs, dont la moyenne d'âge est de 73 ans", avait expliqué Françoise Penigaud, attachée de presse du diocèse de Nancy.
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