Les sapeurs-pompiers agressés en intervention : "Nous arrivons face à des gens qui n'ont pas envie de nous voir"
Le colonel Eric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, évoque notamment sur franceinfo samedi les agressions dont sont victimes les pompiers alors que se termine en fin d'après-midi le congrès annuel de la Fédération à laquelle doit se rendre Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur.
Le congrès annuel de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France se termine samedi soir à Bourg-en-Bresse, après une visite du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. Le colonel Eric Faure, président de la fédération, va lui parler notamment des agressions dont sont victimes les sapeurs-pompiers aujourd'hui.
franceinfo : Gérard Collomb vient à votre congrès aujourd'hui, que voulez-vous lui dire ?
Eric Faure : Je vais lui parler de plusieurs sujets. Bien sûr je vais lui parler de cette préoccupation du nombre de missions qui augmentent en matière de secours d'urgence aux personnes. Parce [qu'il y a] moins de médecins dans les territoires, une population qui en demande toujours plus, et puis ces détresses psychiatriques auxquelles nous devons faire face. C'est une courbe qui ne cesse de monter, [mais] les moyens n'évoluent pas, donc forcément il y a ce qu'on peut appeler un effet ciseaux. Il y a les risques d'agression qui en découlent, pour lesquels il y a des besoins. Il faut prévenir en amont. Il faut que nous ayons la capacité de mieux appréhender ces risques d'agressions, une meilleure information avec les forces de l'ordre, une meilleure préparation des pompiers, la formation, et puis la réponse pénale. Et enfin nous allons parler de la ressource humaine et notamment [du fait que] quatre pompiers sur cinq sont des pompiers volontaires et là il faut absolument garantir le maintien de cette ressource parce qu'autrement c'est un territoire national qui serait démuni de sapeurs-pompiers.
Comment expliquez-vous cette recrudescence des agressions envers les sapeurs-pompiers ?
Les sociologues analysent actuellement tout cela. Il y a plusieurs éléments. D'abord nous arrivons face à des gens qui n'ont pas envie de nous voir et clairement, on est pompiers, mais ce serait le facteur, un médecin, un employé du gaz, je pense que ce serait la même chose. C'est-à-dire qu'on arrive à un moment donné où ces gens sont dans une contrariété et ont une réponse agressive. Beaucoup sont malades. On parle de réponse pénale mais beaucoup ne peuvent pas être condamnés parce qu'ils sont reconnus comme irresponsables. Il y a ensuite tout l'énervement d'une société, parce qu'on parle d'agression physique, mais partout, [nous sommes confrontés à des] agressions verbales… [Par exemple,] nous avons une ambulance qui arrive sur les lieux d'intervention d'un immeuble, elle se gare en double-file parce que, forcément, on veut aller au plus près de la cage d'escalier, [et] l'automobiliste qui est derrière, qui ralentit, nous insulte parce que pour lui on représente une contrainte. Donc c'est ça aussi qui est regrettable. Et je pense qu'au-delà des cas graves de personnes malades, nous devons insister auprès de la population, c'est d'ailleurs le sens de la campagne de prévention que nous avions lancée : #touchepasamonpompier.
Malgré ces agressions, parvenez-vous à recruter ?
Pas très facilement parce qu'il y a aussi une contradiction entre la générosité de celles et ceux qui veulent nous rejoindre et puis les difficultés qu'on leur impose en matière de formation, en matière parfois d'attente de construction d'un dossier administratif pour nous répondre, donc nous engageons résolument une action. C'est le sens d'un rapport que j'ai remis avec d'autres personnes au ministre de l'Intérieur, pour mieux recruter, mieux fidéliser, mieux les garder dans le temps, et mieux reconnaître leur engagement avec notamment quelques enjeux importants autour de la féminisation, c'est essentiel, 15 % de femmes à nos côtés, c'est trop peu. Enjeu également de gestion de cette ressource humaine. Il n'est pas normal qu'un sapeur-pompier qui veuille nous rejoindre mette quatre à six mois pour que l'ensemble du dossier administratif se fasse et qu'on puisse lui dire ça y est vous êtes chez nous.
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