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"Il y avait 494 impacts de plombs sur notre camion" : Agressions, insultes... Le malaise grandit chez les pompiers

Alors que le congrès annuel de la Fédération des sapeurs-pompiers de France se tient à Bourg-en-Bresse jusqu'à samedits du feu font part de leur profond malaise. Dans le Val d'Oise, ils alertent le préfet du département.

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
En septembre 2018, cinq pompiers ont été agressés dans le Val d'Oise. Un chiffre qui ne comptabilise que ceux qui ont porté plainte. Ci-contre la caserne de Montmorency. (FARIDA NOUAR / RADIO FRANCE)

Alors que le congrès annuel de la Fédération des sapeurs-pompiers de France se tient à Bourg-en-Bresse (Ain) jusqu'à samedi soir, des soldats du feu font part de leur profond malaise, notamment dans le Val d'Oise, en région parisienne, où ils alertent le préfet du département. Victimes de violence lors d'interventions mais aussi de restrictions budgétaires, ils demandent des moyens supplémentaires
et sont aujourd'hui en colère. 

Le reportage de Farida Nouar.

Mourir au feu, cest le risque du métier, mourir en se faisant agresser, c'est aussi une réalitée. La semaine dernière un pompier de la caserne de Montmorency, dans le Val d'Oise, est passé tout prés du drame. "On intervenait sur une fuite de gaz quand un véhicule est arrivé à vive allure, raconte-t-il. Alors que nous lui faisions signe de ralentir, il a mis un coup de volant et est passé à dix centimètres de moi, en nous insultant."  En 2013, il a failli ne pas revenir d'une intervention. "Nous étions partis pour sauver une personne qui menaçait de se défenestrer. Elle nous a tiré dessus avec un fusil. Dans sa déposition, elle a expliqué ouvertement qu'elle voulait 'tuer un pompier'. Il y avait 494 impacts de plombs sur le VSAV (Véhicule de Secours et Assistance aux Victimes)."

Les "bouche-trous" des services publics

Une expérience traumatisante, mais la passion est plus forte, car être pompier est une vocation. Sauf qu'aujourd'hui, les missions se sont diversifiées. Un autre soldat du feu raconte la fois où il a dû se rendre au commissariat de police d'Argenteuil. "Une personne était en garde à vue pour tentative d'homicide car elle avait voulu tuer son voisin. On m'a demandé de la transporter, seul, à l'hôpital. J'ai refusé. Nous sommes là pour les urgences vitales. Pas pour ce genre de mission", explique-t-il. Lui estime que les pompiers sont devenus des bouche-trous car ils doivent pallier les carences du service public, ce qui rend leurs missions plus dangereuses.

On est de plus en plus sollicités et il y a de moins en moins d'aide : la police, les ambulances privées ne se déplacent plus quand on intervient sur des secteurs  difficiles.

Un pompier d'Argenteuil

à franceinfo

En 2003, ils étaient 20 pompiers de garde sur le secteur d'Argenteuil. "Aujourd'hui, nous ne sommes plus que 15 alors que le nombre d'interventions a augmenté. Il faut embaucher, car nous ne sommes plus assez", alerte le soldat du feu.

Le malaise grandit chez les pompiers, de plus en plus exposés aux violences lors de leurs interventions. (FARIDA NOUAR / FRANCEINFO)

Le manque d'effectifs, les violences physiques, les insultes et les incivilités quotidiennes sont accentués dans le département du Val d'Oise, marqué par des difficultés sociales. La fonction même n'est plus respectée. "Les symboles ont complètement disparu", raconte un pompier du centre de secours de Garges-lès-Gonesse. "Les valeurs aussi ont disparu. Et on le retrouve dans nos interventions. On finit par se demander à quoi on sert". En septembre 2018, cinq pompiers ont été agressés dans le Val d'Oise. Un chiffre qui ne comptabilise que ceux qui ont porté plainte.

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