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Les marcheurs de 1983 créent une association historique

Des militants ayant participé à la Marche pour l'Egalité et contre le Racisme de 1983 ont annoncé vendredi la création d'une association pour dénoncer les "récupérations politiques et mercantiles", à l'occasion du 30e anniversaire de cet événement fondateur pour les enfants d'immigrés.
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Les marcheurs pour l'Egalité, le 15 octobre 1983 de Marseille, arrivés à Paris le 3 décembre à Paris, ont aujourd'hui trente ans de plus. 

A l'époque, la Marche avait connu des lendemains difficiles. Après un succès populaire illustré par son arrivée triomphante à Paris, et la réception de François Mitterrand en personne, les marcheurs étaient pour la plupart rentrés chez eux. Le mouvement s'était essouflé, et aucune association n'était venue prendre la suite.  

Contre les "récupérations"

Nombreux sont les marcheurs qui avaient accusé SOS Racisme d'avoir "récupéré " le mouvement. A l'époque, aucun des marcheurs historiques ne fait partie du conseil national de l'association fondée par Julien Dray et Harlem Désir. Et pourtant, SOS Racisme, fondée à peine un an plus tard, se réclame des mêmes valeurs que celles des marcheurs.

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Cette année, à l'occasion du trentième anniversaire de la marche, les principaux acteurs ont donc décidé de commémorer à leur manière, en créant leur propre association. Celle-ci aura notamment pour objectif de "dénoncer les récupérations politiques et mercantiles ", a déclaré son président, Djamel Atallah. 

Transmettre la mémoire

A l'époque, il faisait partie des trois hommes qui étaient au coeur de l'organisation de la marche : Christian Delorme, Toumi Djaidja et donc Djamel Atallah. Les deux premiers sont présidents d'honneur de la nouvelle association, et Djamel Atallah président.

"On veut transmettre la mémoire de la Marche auprès des jeunes publics, l'idée d'une culture non violente dans les quartiers ", a-t-il précisé. "On veut aussi contrer un certain nombre de manipulations ".   

Alors que "la situation socio-économique des banlieues n'a cessé de s'aggraver ", les 30 ans de la Marche "ne doivent pas être uniquement l'occasion de grandes déclarations ", a-t-il poursuivi, en réclamant "des mesures concrètes " pour les quartiers populaires.

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"Les commémorations partent dans tous les sens"

"Les commémorations partent un peu dans tous les sens, l'idée était de cadrer un peu tout ça, pour se porter garant de certains aspects même mémoriels ", a précisé Farid L'Haoua, qui fut l'un des porte-parole de la mobilisation en 1983.

Trente ans plus tard, les commémorations se multiplient, avec la sortie d'un film mettant en scène Jamel Debbouze ("La Marche "), avec plusieurs livres, des expositions, des documentaires ou des tables-rondes.

François Lamy, le ministre délégué à la Ville, avait lui aussi souhaité commémorer les 30 ans de la Marche en se rendant à Vénissieux, la ville d'où sont originaires les marcheurs, le 15 octobre 2013. A l'époque, Toumi Djaidja, l'initiateur du mouvement de 1983, avait refusé de le recevoir, en expliquant que les revendications des marcheurs n'avaient pas été entendues. 

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