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Les gardiens de prison se mobilisent pour dénoncer l'insupportable

Pendant quatre jours, les quelque 194 prisons françaises vont vivre au rythme des actions de blocage de leurs gardiens. Les trois syndicats de surveillants lancent un mouvement qui sera progressif, entre aujourd'hui et le 7 mai. Des actions qui visent à réclamer des moyens supplémentaires pour faire face à une situation devenue insupportable…
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Radio France ©REUTERS/Regis Duvignau)

Peu ou pas d’extractions judiciaires ni de transferts de détenus aujourd’hui et demain, pas d’intervenants extérieurs (avocats, fournisseurs, concessionnaires) mercredi et jeudi. Les trois principaux syndicats du personnel pénitentiaire (CGT-FO-Ufap) appellent en effet à partir d’aujourd’hui à un "blocage progressif" des prisons face au "mépris total" du ministère de la Justice.

_ Des actions pour dénoncer, une nouvelle fois, la dégradation des conditions de travail et de détention dans les prisons françaises. Promiscuité, problèmes d'hygiène, violence, désespoir… Avec 63.351 personnes incarcérées au 1er avril pour 51.000 places disponibles, la surpopulation carcérale est devenue dramatique.

Une situation qui atteint son paroxysme avec l’augmentation exponentielle d’homicides de suicides dans les maisons d’arrêt françaises. 115 décès en 2008, soit 20 % de plus qu’en 2007 (96) et l’année 2009 s’annonce pire.
_ Selon les données recueillies par l'OIP (Observatoire international des prisons), 38 suicides ont déjà été dénombrés depuis le 1er janvier. Des détenus qui ne sont plus les seuls à ne plus pouvoir supporter l’insupportable. Depuis le début de l’année, 9 membres du personnel de l'administration pénitentiaire se sont également donnés la mort, les deux derniers, âgés de 36 et 34 ans, sur leur lieu de travail (Fresnes/Val-de-Marne et Luynes/Bouches-du-Rhône).

"Poursuivre et amplifier l'action"

Annoncé depuis plus d’un an, le projet de loi pénitentiaire du garde des Sceaux, Rachida Dati, a été voté au Sénat le 6 mars. Il doit encore être examiné par l’Assemblée fin mai pour une entrée en vigueur…ultérieure. S’il vise notamment à favoriser les aménagements de peine et les sorties de prison anticipées, il ne prévoit pas de moyens supplémentaires. Pas de recrutements annoncés donc mais une "meilleure gestion prévisionnelle des emplois".
_ La ministre (de la Justice) n’est pas en capacité de prendre conscience de la situation catastrophique dans les prisons et de nos conditions de travail ", a réagi Céline Verzeletti, de la CGT, après une dernière entrevue jeudi dernier avec le garde des Sceaux.

Hier, un communiqué du ministère reconnaissait que " la période de transition que traverse l'administration pénitentiaire soumet les personnels à des tensions dont le Garde des Sceaux a conscience", la chancellerie rappelant par ailleurs que la ministre avait pris le 30 avril " des engagements précis portant notamment sur la création d'un bureau d'aide sociale, la redéfinition des modalités de surveillance
spéciale, le renforcement des équipes de nuit'' entre autres.
_ Pas de quoi calmer les esprits face à une ministre qui s’apprête à quitter prochainement le navire pour une candidature aux élections européennes.

Par ailleurs ce soir, les syndicats Ufap-Unsa,
FO-pénitentiaire et la CGT-Pénitentiaire ont appelé à "poursuivre et amplifier l'action", selon un communiqué.

Cécile Mimaut

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