La tête d'Henri IV retrouvée... dans l'armoire d'un retraité
Emballée dans un linge, rangée dans un coffret en bois, sur l'étagère d'une armoire. C'est là que la tête d'Henri IV a passé les dernières décennies. Il y a deux ans, un journaliste-documentariste la découvre au domicile d'un retraité, en Anjou, qui l'avait acquise dans une vente aux enchères. Personne, pas même ses enfants, ne savait qu'il la conservait là.
Un long et minutieux travail d'authentification commence. Légistes, historiens, paléopathologues (spécialistes des maladies d'autrefois), parfumeurs participent à l'étude. La conclusion vient d'être publiée par le British Medical Journal : il s'agit bien là de la tête du roi Henri IV, l'un des plus célèbres de l'histoire de France.
Aucune analyse ADN n'a été possible, malgré le très bon état de conservation de la tête. Les scientifiques ont donc utilisé d'autres méthodes. Ils ont comparé la tête retrouvée aux caractéristiques connues du visage d'Henri IV : tache sombre sur le nez, boucle d'oreille au lobe droit, cicatrice aux lèvres. Tout correspond. Le crâne est également semblable au moulage réalisé juste après la mort du roi, assassiné par Ravaillac en 1610.
La tête avait été refusée par le Louvre
C'est donc la fin de longs siècles de tribulations pour la tête du "Vert Galant". C'est en effet pendant la révolution, en 1793, qu'elle avait été détachée du corps d'Henri IV, inhumé à la basilique royale de St Denis, et volée.
_ Au début du XXème siècle, une tête présumée comme celle d'Henri IV est acquise par plusieurs collectionneurs, passant de la France à l'Allemagne. Elle a même été proposée dans les années 40 au Louvre, qui l'avait refusée faute d'authentification...
"Qu'on l'authentifie cette année est une sorte de
couronnement du 400e anniversaire" de sa mort, souligne l'historien Jacques Perot, "un clin d'oeil de
l'Histoire".
Les aventures d'Henri IV ne sont pas pour autant terminées. Il faut en effet maintenant déterminer ce qu'il va advenir de la dépouille royale. Tête et corps seront-ils à nouveau réunis sous la voûte de la basilique Saint Denis ? La maison Bourbon, héritière des rois de France, y serait favorable. Pas si simple, note Patrick Monod,
administrateur de la basilique : "C'est à la fois un objet archéologique, le morceau d'une histoire privée et familiale et un objet mobilier qui appartient
à l'Etat". A l'enquête scientifique pourrait se substituer un véritable casse-tête juridico-administratif...
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