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Xynthia en Vendée : le procès attendu d’une tempête annoncée

A partir de lundi, la justice va tenter de cerner les éventuelles responsabilités, après le lourd bilan de la tempête Xynthia en Vendée. Vingt neuf personnes ont péri dans la nuit du 27 au 28 février 2010 à La Faute-sur-Mer. L’ancien maire figure parmi les prévenus.
Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Sur le pont de La Faute-sur-Mer, une plaque en hommage aux victimes de Xynthia © Corinne Audouin/Radio France)

Le procès organisé au tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne devrait durer cinq semaines. Sept prévenus vont comparaître. Deux personnes morales ainsi que l’ancien maire de La Faute-sur-Mer, deux de ses adjoints, un fonctionnaire et le président de l’association propriétaire de la digue submergée par la tempête. Les prévenus poursuivis pour homicides involontaires vont faire face aux cauchemars et aux interrogations de 120 parties civiles. Parmi elles, Chantal et Thierry Berlemont. Ils témoignent de leurs peurs et de leur besoin de vérité.

A présent, une maison ailleurs et protégée

Ce couple de quadragénaires et ses deux filles a quitté la Faute-sur-Mer après le drame pour s’installer à quelques kilomètres, dans une petite maison toujours près de la mer, mais sur les hauteurs de la Tranche-sur-Mer. Leur préoccupation a été d’installer des fenêtres supplémentaires, "des Vélux  pour pouvoir, disent-ils, s'échapper en cas de tempête ."

C’est ce que cette nuit de février 2010, Thierry, Chantal et leurs filles de 13 et 16 ans ont failli rester pris au piège de leur maison de plain-pied.

  (La zone inondée est à présent inconstructible © Radio France)

Le père de famille se souvient de l'avis de tempête émis par Météo-France, mais il n'était pas particulièrement inquiet.

"On s’attendait à une tempête comme en 1999, alors j’ai garé la voiture pour la protéger. A minuit, il n’y avait pas spécialement de vent et on s’est couchés."

"Il y avait une sorte d'insouciance" (Thierry Berlemont, victime de la tempête Xynthia)

Une nuit dantesque

La famille a été brutalement réveillée vers 3h du matin. La tempête a frappé en pleine nuit. Les maisons qui se trouvaient entre l'océan et Le Lay, la rivière qui passe à La Faute-sur-Mer, ont été submergées par les flots.

  (Le pont sur Le Lay entre La faute et L'Aiguillon © radio France)

Thierry, Chantal et leurs filles ont eu la vie sauve parce que la tempête a emporté leur porte d'entrée. C’était la seule issue pour ne pas être avalés par les eaux. Auparavant, Chantal a réveillé son mari, qui parle de "bruit d’aquarium".

"On a ouvert la porte, ça été une masse d’eau incontrôlable. Je pensais qu’on allait mourir. J’entendais les filles hurler et j’ai dit à ma femme qu’il fallait qu’on en sauve au moins une. Et puis je me suis repris. On a réussi à s’en sortir."

Thierry Berlemont raconte le découragement, la peur et lecourage.

Après avoir nagé dans la maison où l'eau avait dépassé le mètre 80, Thierry et sa famille ont trouvé refuge sur le toit. A midi, ils ont été secourus par les pompiers.

  (Une vue de la digue à marée basse, à gauche la rivière Le Lay, à droite la zone noire © Radio France)

Des réponses et des leçons

Plus de quatre ans après le drame, les Berlemont suivront le procès pour obtenir des réponses à une série de questions. Pourquoi n'ont-ils pas été prévenus du risque de submersion? Pourquoi ne les a-t-on pas évacués, pourquoi les a-t-on laissé construire leur maison dans une zone que l'on savait inondable ?

"Ce procès doit servir à sauver des vies." Thierry Berlemont, victime de la tempête Xynthia)

Pendant cinq semaines, la durée du procès, Thierry et sa femme n'iront pas travailler. Chaque jour ils se rendront au tribunal correctionnel des Sables d'Olonne. Le vœu de la famille Berlemont : que les leçons de la catastrophe soient tirées...

  (Le mémorial de La Faute-sur-Mer en hommage aux victimes © Radio France)

 

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