Vols, bagarres et tentative d'homicide... Le parcours chaotique de la "terreur de Limoges", multirécidiviste depuis l'âge de 12 ans, une nouvelle fois interpellé
Le jeune homme, qui a 19 ans aujourd'hui, fait parler de lui dans la capitale de la Haute-Vienne depuis qu'il a 12 ans. Il vient d'être mis en examen pour tentative d'homicide.
La "terreur de Limoges" a encore frappé. Un jeune homme de 19 ans, délinquant multirécidiviste a été mis en examen, vendredi 29 novembre, pour "tentative d'homicide", avant d'être écroué, selon les informations de France 3 Nouvelle-Aquitaine obtenues auprès du procureur de la République de Limoges (Haute-Vienne).
Les faits se sont déroulés au sein du quartier de la gare, dans la nuit du 24 au 25 novembre : la "terreur de Limoges" a poignardé à la gorge un homme. "La blessure n'est heureusement pas profonde et la carotide n'a pas été touchée", souligne France 3. Le parquet reste toutefois très prudent sur l'intention d'homicide.
Foyers, familles d'accueil et centres éducatifs fermés
L'affaire a eu lieu sur fond de règlement de comptes. Le soir des faits, la mère de la "terreur de Limoges" aurait indiqué à ses enfants avoir été violée, en désignant nommément un individu d'une trentaine d'années, ce qui aurait incité son fils à la venger. Cette femme est aussi connue des services de police. Et comme son fils, elle a été mise en examen pour "tentative d'homicide" et placée en détention provisoire. Mère et fils sont écroués en dehors de la Haute-Vienne, dans deux maisons d'arrêt distinctes, selon France 3.
Pour la "terreur de Limoges", c'est une étape de plus dans un parcours chaotique. Car depuis sa naissance, la vie de M. Mirac n'a rien d'un phénomène merveilleux. Né de parents toxicomanes, dans une fratrie de cinq enfants de trois pères différents, il a connu la rue, les foyers et plusieurs familles d'accueil. Et les centres éducatifs fermés.
"Les policiers attendent qu'il fête ses 13 ans"
Son parcours judiciaire commence à ses 12 ans. En 2013, il commet trois agressions dans le centre-ville de Limoges, en l'espace de huit jours seulement, le 6 janvier, le 10 et le 14. Trois vols avec violence. La police l'arrête, mais ne peut que le retenir au commissariat, car il ne peut légalement pas être placé en garde à vue tant qu'il n'a pas atteint ses 13 ans. A chaque fois, un magistrat lui inflige une sanction éducative. Puis l'adolescent est renvoyé dans un foyer, d'où il parvient systématiquement à s'enfuir.
Même quand il change de ville : placé dans un foyer à Poitiers (Vienne), il a pu retourner à Limoges le 18 janvier. Il ne faut pas attendre longtemps pour entendre reparler de lui. Le 21 janvier, il est interpellé pour tentative de vol avec violence sur mineur. Le jeune garçon ne cesse de naviguer entre foyers et criminalité. Le schéma, illustré par France 3 dans une infographie, se met en place et se répète.
"Policiers et milieu judiciaire n'attendent qu'une chose : qu'il fête enfin ses 13 ans ! C'est prévu pour février", écrivait Le Parisien en janvier 2013, dans un article intitulé "A 12 ans, un ado est la terreur de Limoges". Le surnom est resté.
"Un environnement familial très difficile"
Des coups pour une simple cigarette, un vol de portable, menaces, agression au couteau ou au cutter... M. Mirac continue de défrayer la chronique. Mi-janvier 2014, il est interpellé à Limoges, près d'un lycée, après un signalement par des vigiles de deux centres commerciaux, selon France 3, qui révèle alors que son nom est apparu plus de 60 fois dans des procédures judiciaires depuis 2012.
Cette fois, la justice durcit le ton, malgré des fugues incessantes, relatées à l'époque par Le Figaro. Il s'enfuit du tribunal "après avoir prétexté une pause pour se rendre aux toilettes", mais il est rattrapé par la police. Puis le délinquant récidiviste fausse "compagnie aux deux éducatrices censées le ramener dans un centre éducatif fermé de la Loire". Jusqu'à ce que les policiers lui remettent la main dessus.
La "terreur de Limoges" est placée en détention provisoire dans un établissement spécialement habilité pour les mineurs délinquants avec des services éducatifs. "Une mesure exceptionnelle pour les mineurs de moins de 16 ans", souligne, face caméra, le procureur de la République de Limoges. "Il a un environnement familial très difficile. Mais c'est quelqu'un de violent, de dangereux et qui est dans la rue. Il se débrouille tout seul depuis très, très longtemps maintenant", abonde un policier dans le même reportage de France 3.
Dans Le Figaro, le commissaire divisionnaire Paul Agostini s'inquiète d'une "montée en puissance" du jeune délinquant qui "ressent un véritable sentiment d'impunité". "Il y a un manque de sérieux dans le suivi de nos actions", commente un autre policier dans Le Populaire.
"Il n'est pas guidé par l'empathie"
Rien n'arrête "la terreur de Limoges". Le soir du 30 décembre 2014, accompagné d'un complice, M. Mirac extorque un téléphone portable à un adolescent en le menaçant avec un Taser, selon Le Parisien. En juillet 2015, il est interpellé avec son frère, majeur, en possession de stupéfiants, indique France Bleu Limousin. "Quand les deux frères ont appris qu'ils allaient être placés en garde à vue, ils en sont venus aux mains avec les policiers à l'intérieur du commissariat", raconte France Bleu. Il est placé sous contrôle judiciaire et convoqué devant le juge pour enfants.
Puis silence radio. Les médias cessent de narrer la chronique de ses délits. Jusqu'à la fin 2017, quand Libération révèle que l'adolescent, alors âgé de 17 ans, a été incarcéré quelques mois plus tôt au sein de l'Etablissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Lavaur dans le Tarn. Début 2018, il était détenu à l'EPM de Meyzieu, dans le Rhône, et devait être libéré en août.
"Avant d'être écroué vendredi, il était ressorti et avait purgé sa peine en centre éducatif fermé", confirme Franck Petit, le journaliste de France 3, auteur de l'article sur les derniers méfaits de la "terreur de Limoges". Les policiers sont toujours inquiets au sujet de son parcours criminel. "Il n’est pas guidé par l’empathie vis-à-vis des autres. C’est le trait principal de la psychopathie", estime un psychiatre que Franck Petit a interrogé sur le cas de ce délinquant multirécidiviste, désormais adulte.
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