Trois des magistrats ciblés par le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, veulent témoigner à son procès

Ils avaient fait l'objet de deux enquêtes administratives ordonnées par le garde des Sceaux, pour des faits survenus lorsqu'il était avocat.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, le 21 juillet 2023 à l'Elysée, à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

Les avocats de trois des quatre magistrats ciblés par Eric Dupond-Moretti à son arrivée à la Chancellerie ont annoncé dans un communiqué, vendredi 4 août, avoir demandé à ce que leurs clients soient entendus comme témoins lors de son procès pour conflits d'intérêts. Le garde des Sceaux est soupçonné d'avoir profité de sa fonction de ministre pour régler des comptes avec quatre magistrats auxquels il s'était opposé quand il était avocat. Ces magistrats "sont en effet les victimes des délits de prise illégale d'intérêts dont Eric Dupond-Moretti est accusé" et leurs témoignages sont "essentiels à la manifestation de la vérité", écrivent Marie Lhéritier et François Saint-Pierre, les avocats d'Ulrika Delaunay-Weiss, Patrice Amar et Edouard Levrault. 

Or la loi "interdit aux victimes des délits commis par un ministre de se constituer partie civile à l'audience", rappellent-ils dans un courrier adressé mardi au procureur général près la Cour de cassation. Les magistrats pourront seulement solliciter des dommages et intérêts devant le tribunal. La Cour de cassation a confirmé le 28 juillet le renvoi d'Eric Dupond-Moretti devant la Cour de justice de la République (CJR), la seule compétente pour juger des faits commis par un ministre. Deux enquêtes administratives contre quatre magistrats valent au garde des Sceaux un renvoi devant la CJR. 

Deux enquêtes ont retenu l'attention des enquêteurs

Deux enquêtes ordonnées par Eric Dupond-Moretti ont attiré l'attention des enquêteurs. L'une vise trois magistrats du Parquet national financier, ceux qui, il y a sept ans, avaient épluché les factures téléphoniques du ministre, en lien avec l'affaire "Paul Bismuth" visant Nicolas Sarkozy. Deux d'entre eux, Ulrika Delaunay-Weiss et Patrice Amar, veulent témoigner à son procès. "Eric Dupond-Moretti avait déposé plainte contre eux et les avait menacés de 'mettre un grand coup de pied dans la fourmilière'", soulignent leurs avocats.

La seconde concernait Edouard Levrault, ancien juge d'instruction détaché à Monaco, qui souhaite lui aussi être entendu comme témoin. Il avait mis en examen un des clients d'Eric Dupond-Moretti, qui avait en retour critiqué des méthodes de "cow-boy". Le ministre de la Justice a répété n'avoir fait que "suivre les recommandations de son administration" en lançant ces enquêtes administratives.

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