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Après leurs plaintes pour viol contre Tariq Ramadan, trois femmes assurent être victimes de harcèlement

Après la plainte pour agression d'une des plaignantes dans l'affaire Tariq Ramadan, Henda Ayari, Christelle* et Marie* réclament une protection policière face aux menaces qu'elles assurent subir.

Article rédigé par franceinfo
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Henda Ayari, l'une des trois femmes qui accusent de viols l'islamologue Tariq Ramadan, à Paris, le 24 novembre 2017. (JOEL SAGET / AFP)

"Je pense que le but était de m'intimider, pour me faire peur et me dissuader d'aller jusqu'au bout." Marie* est l'une des trois femmes qui a porté plainte pour viols contre Tariq Ramadan. Elle raconte à L'Obs avoir été violemment agressée en bas de chez elle, samedi 24 mars, entre 22 et 23 heures.

Elle détaille à l'hebdomadaire l'attaque subie par deux individus portant des casques foncés, visière baissée. "Le plus petit m'a attrapée à la gorge, raconte-t-elle. Il m'a porté des coups au visage avec son casque, avec son poing aussi, peut-être à trois ou quatre reprises. C'était assez violent." Le second individu l'a aspergée d'eau avant de lui lancer : "T'as de la chance, c'est pas de la pisse. La prochaine fois, ce sera de l'essence", assure-t-elle.

Cette mère de deux enfants, âgée de 45 ans, a porté plainte pour violences volontaires le 25 mars précise L'Obs, à qui le parquet de Lille a confirmé l'information.

"Des menaces, des intimidations"

Une agression qui fait écho aux témoignages dévoilés en novembre sur BFMTV d'une autre victime présumée de Tariq Ramadan. Christelle* a affirmé avoir été harcelée pour la pousser à garder le silence : "C'est des menaces, des intimidations, des gens qui vous menacent de mort, des e-mails par centaines, de menaces de mort et d'insultes."

Un phénomène que Henda Ayari, première à avoir déposé plainte contre Tariq Ramadan pour viol et agressions sexuelles, dénonce depuis le mois d'octobre 2017 en pointant la campagne de harcèlement menée, selon elle, par des soutiens de l'islamologue.

Campagne de harcèlement

Elle a d'ailleurs porté plainte contre X pour "menace et insulte" un mois plus tard, rapporte Le Parisien"Il sont une armée contre moi, a-t-elle décrit au Figaro. Je reçois des centaines de messages insultants depuis quinze jours ! Des coups de fil anonymes, des coups de sonnette intempestifs chez moi... Ils vont jusqu'à faire des faux profils avec mes photos pour salir ma réputation."

Dans un tweet, elle a assuré lundi 3 avril que les adresses, numéros de téléphones et informations personnelles concernant les femmes qui ont porté plainte contre Tariq Ramadan, circulent sur internet.

Face à ce qu'elle considère comme une campagne de harcèlement, elle réclame aujourd'hui une protection policière pour elle et les deux autres femmes qui ont témoigné contre l'islamologue.

Une armée de faux comptes sur les réseaux sociaux ?

Selon L'Express (article payant), cette campagne de harcèlement en ligne, à l'encontre des plaignantes, aurait été orchestrée par une cellule de crise réunie autour de l'islamologue. Celle-ci aurait eu recours à la mobilisation de "profils conversationnels", une armée de faux comptes sur les réseaux sociaux.

Des accusations balayées par Tariq Ramadan. L'islamologue suisse clâme son inoncence, notamment dans une vidéo – tournée par lui-même – en novembre, publiée par le Muslim Post puis relayée par Libération le 14 mars. 

"A tous ceux qui ont pu répondre pour me défendre avec de l'insulte : non, n'entrons pas dans cela. L'insulte, la menace, le rejet, ça ne peut pas être notre façon de réagir à ceci. Il faut apaiser les choses, assure-t-il. Il faut un débat qui soit un débat de fond, un débat apaisé, sérieux [...] et responsable parce que nous n'y arriverons pas d'un côté comme de l'autre si le rejet répond au rejet, l'insulte à l'insulte [...] et la controverse à la controverse".

Son avocat, Me Emmanuel Marsigny, s'est exprimé pour la première fois lors de l'émission 'C à vous' le 15 mars. Il évoque notamment "un procès en sorcellerie" contre son client. Sur la question du harcèlement d'Henda Ayari, Christelle* et Marie*, il évoque un déchaînement d'insultes "humain et compréhensible". "Il y a des gens qui considèrent que le procès qui est fait à Tariq Ramadan est un procès injuste", argue t-il (à partir de 19'20'').

"En ce qui me concerne, ce n'est pas ma façon de procéder, explique le conseil de Tariq Ramadan. Je ne peux que regretter ces messages. Mais quand on est comme ça et on jette un homme à la vindicte populaire, comme ça à l'opprobre, d'une telle manière, alors qu'il y a des éléments aussi criants dans le dossier qui ne vont pas et qu'on baffoue comme ça sa présomption d'innocence et bien c'est compréhensible."

*Les prénoms ont été changés

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