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Affaire Ramadan : la première plaignante fait évoluer sa version des faits

Réentendue la semaine dernière par les enquêteurs, Henda Ayari décrit toujours un viol, mais il ne se serait plus passé à la date ni à l’endroit qu’elle avait indiqué au départ, révèle mardi franceinfo.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'écrivaine et ex-salafiste Henda Ayari en octobre 2017 à Paris. (MAXPPP)

Une semaine après que les juges ont rejeté la demande de remise en liberté du théologien musulman Tariq Ramadan accusé de viols, la première plaignante fait évoluer sa version des faits par rapport à ses premières accusations à l’automne, révèle franceinfo mardi 29 mai.

L’ancienne salafiste, devenue militante féministe, Henda Ayari, 41 ans, a été réentendue la semaine dernière par les juges. Elle décrit toujours un viol dans des conditions terribles, mais il ne se serait plus déroulé à la date ni à l’endroit qu’elle avait indiqué dans sa plainte initiale.

Affaire Tariq Ramadan : les derniers développements avec Mathilde Lemaire

Henda Ayari et Tariq Ramadan sont d’accord sur une seule chose : ils ne se sont rencontrés qu’une fois. Pour le théologien c’était bref et sans rapprochement particulier au parc des expositions du Bourget, après une de ses conférences. Pour Henda Ayari - la première des trois femmes à avoir porté plainte pour viol en France contre l’islamologue - c’était un soir dans un hôtel parisien et cela a tourné au viol avec gifle, morsure, crachat et étranglement, a-t-elle précisé la semaine dernière aux juges. Mais, si dans sa plainte d’octobre 2017, elle datait les faits à fin mars-début avril 2012 et les situait à l’hôtel Holiday Inn de la gare de l’Est, elle a fait évoluer la semaine dernière sa version des faits.

Le Crown Plaza et non plus l'Holiday Inn

Après avoir fouillé longuement dans ses notes, agendas, répertoires, relevés de comptes et talons de chèques de l’époque, elle évoque finalement plutôt un viol le 26 mai 2012, deux mois après la date d'abord énoncée. De plus, elle le situe désormais à l’hôtel Crown Plaza, place de la République, dans le 11e arrondissement de la capitale. Une inconstance dans ses déclarations qui irrite l’avocat de Tariq Ramadan. "Quand on a été violée, on se souvient généralement du lieu !", s'insurge Me Emmanuel Marsigny, qui a repris la défense de l’islamologue il y a près de deux mois après que le théologien musulman, assurée auparavant par Me Yassine Bouzrou.

Henda Ayari sort un deuxième livre

"On change d’hôtel, on change de date, bientôt on changera aussi d’auteur des faits, s’agace Me Marsigny. Tout ceci n’est pas sérieux. Ce qui est dramatique, c’est que mon client est maintenu en détention au motif précisément que des vérifications auraient été faites pour crédibiliser les accusations."

Depuis le début, ces accusations ne sont pas corroborées, elles sont démenties et il y a des mensonges.

Me Emmanuel Marsigny, avocat de Tariq Ramadan

à franceinfo

"Je n’attends qu’une chose, c’est que la justice ouvre les yeux et en tire les conséquences", poursuit l'avocat. Sollicité par franceinfo, le principal avocat d'Henda Ayari n’a pas donné suite pour le moment.

Pour la première fois depuis son incarcération il y a quatre mois, Tariq Ramadan doit être réentendu par les juges mardi 5 juin. Le lendemain, le 6 juin, Henda Ayari doit publier son second livre, Plus jamais voilée, plus jamais violée (éd. L’Observatoire).

Une nouvelle demande de remise en liberté

Dénonçant les "incohérences et mensonges" des trois plaignantes, l’avocat du théologien musulman envisage sérieusement - après l'audition de son client - de formuler assez vite une nouvelle demande de remise en liberté. La dernière a été rejetée le 22 mai par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. Les juges ont aussi rejeté la demande de nouvelle expertise médicale de l’islamologue qui souffre d’une sclérose en plaques et qui est toujours détenu dans une unité médicale de la maison d’arrêt de Fresnes.

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