Scandale au Vatican : "On empêche François de mener des réformes"
Il est l’auteur de deux précédents livres sur le Vatican et les scandales financiers. Cette fois-ci, dans Chemin de Croix , Gianluigi Nuzzi fait état de comptes du Vatican hors de tout contrôle ou de l’utilisation des deniers du culte pour combler les déficits causés par certains cardinaux. A la veille de la publication de son livre, il est revenu pour France Info sur les principales révélations qu’il contient.
D’emblée, le journaliste tient à préciser que les documents qu’il exploite "ont été obtenus légalemen t", ils lui ont été "transmis ". Ils proviennent de la Commission COSEA, une commission mise en place par le Pape François, précisément pour faire le point sur les finances du Vatican. Car dès son arrivée à la tête du Saint-Siège François s’est vite aperçu du désordre.
Gianluigi Nuzzi démontre, preuves à l’appui, le déficit du système de retraite et le manque de transparence sur le patrimoine du Vatican : il n’existe pas d’inventaire des propriétés immobilières du Saint-Siège. Personne ne contrôle non plus le nombre global d’employés.
L’argent de la charité pour combler les déficits
L’homme souligne également la manière avec laquelle certains prélats défendent leurs intérêts personnels. Dans son livre, on retrouve la liste des cardinaux occupant des appartements du Vatican gratuitement. Des logements vastes, de 300 à 400 m² dans Rome. Problème : ces dépenses somptuaires causeraient des déficits, qui, selon Gianluigi Nuzzi, seraient épongés par le Denier de Saint-Pierre, la quête auprès des fidèles initialement destinée à la charité des plus pauvres.
Le Vatican confirme à demi-mots
Le Vatican, dans un communiqué publié mercredi, juge les deux livres à paraitre sur ses finances "partiaux". Il leur reproche de ne pas rendre compte de l’engagement du Pape pour changer l’Eglise.
En ce qui concerne le Denier de Saint-Pierre, le porte-parole du Vatican estime que les œuvres de charité envers les pauvres ne sont qu’une de ses finalités, le Pape peut évaluer les urgences et la façon d’y répondre. En clair, il n’est pas totalement impensable selon lui d’attribuer une partie de ces fonds au rééquilibrage des comptes du Vatican.
Nuzzi ne cite pas ses sources
Motus et bouche cousue sur ses informateurs. Nuzzi refuse de les citer. Il faut dire que cela pourrait leur nuire. Un prélat espagnol et une laïque italienne viennent d’être arrêtés au Vatican. Ils sont soupçonnés d’avoir communiqué des informations à l’auteur du livre. Sans le confirmer, Gianluigi Nuzzi s’insurge contre ces arrestations.
Ni pour, ni contre le Pape
Gianluigi Nuzzi ne part pas en croisade contre le souverain pontife. "Je ne suis ni pour ni contre le Pape… je suis journaliste, j’ai des infos, je les sors " affirme-t-il. Il précise quand même que ce Pape "essaie effectivement de mener des réformes" mais qu’il fait face à une "immense obstruction ", ce qu’il appelle "la Guerre du Vatican ". On trouve par exemple dans son livre les photos du cambriolage au siège de la COSEA. Ce vol de documents est la preuve, selon lui, de la présence de personnes qui ne veulent décidément pas faire jouer la transparence au Saint-Siège.
Chemin de croix sort le 5 novembre en Italie, le 11 novembre en France. Les deux précédents livres de Nuzzi, déjà sur le Vatican et ses scandales financiers se sont vendus à 200.000 exemplaires en Italie et 20.000 en France.
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