Rwanda : la première journée d'un procès historique à Paris
Près de vingt ans
après le génocide au Rwanda, qui a fait 800 000 morts en 1994, un procès
historique s'est ouvert mardi matin devant la Cour d'assises de Paris. Un seul
homme dans le box des accusés fait face aux jurés : Pascal Simbikangwa, âgé
de 54 ans. Cet ancien officier rwandais arrêté voici cinq ans sur l'île de
Mayotte et dont la justice française avait refusé l'extradition, est jugé en France,
en vertu d'accord avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). L'ancien
capitaine nie en bloc les accusations liées aux massacres, au Rwanda entre avril
et juillet 1994. Des Tutsis mais aussi des Hutus modérés avaient été assassinés
par des milices, armées par le régime du président hutu Juvénal Habyarimana.
" Pascal Simbikangwa comparaît pour avoir distribué
des armes aux tueurs Hutus et pour les avoir incité à exterminer les Tutsis ".
Dans la salle d'audience
bondée de la Cour d'assises de Paris, il n'y a pas de rescapés du génocide de
1994 au Rwanda, mais Dafroza Gauthier est là pour les représenter. Toute
sa famille tutsi a été exterminée. A la tête du collectif pour les parties
civiles du Rwanda, elle veut dédier ce procès historique à toutes les victimes anonymes de
Pascal Simbikangwa.
La défense dénonce un
procès politico-diplomatique, alors que Kigali et Paris se sont
rapprochés après trois années de rupture diplomatique, entre 2006 et 2009. Les autorités rwandaises, issues de l'ancienne rébellion tutsi, accusaient alors la France d'avoir soutenu les
génocidaires.
Le procès va durer entre
six et huit semaines
Les deux premières
semaines d'audience porteront essentiellement sur le contexte qui a conduit au
génocide de 1994 au Rwanda. Sur les faits, la cour entendra une trentaine de
témoins rwandais. Certains sont détenus après leur condamnation
au Rwanda : ils seront entendus par visio-conférence. Ce procès est exceptionnellement
filmé pour l'Histoire, afin de servir d'archives et de références.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.