Prison des Baumettes : le Conseil d'État ordonne la dératisation
Dans son ordonnance, le juge des référés du Conseil d'Etat relève que "la carence de l'administration dans l'entretien de la prison avait porté une atteinte grave et manifestement illégale " aux libertés fondamentales des détenus.
Il estime que "les mesures
prises par l'administration pour mettre fin à la prolifération de rats et
d'insectes étaient insuffisantes pour remédier à la situation. Il a alors
prescrit à l'administration la réalisation dans un délai de dix jours :
d'un diagnostic des prestations de lutte contre les animaux nuisibles à
intégrer dans le prochain contrat de dératisation et de désinsectisation, qui
devra prévoir des interventions préventives et curatives adéquates à la
situation du centre pénitentiaire ;
dans l'intervalle, d'une opération d'envergure susceptible de permettre la
dératisation et la désinsectisation de l'ensemble des locaux de ce centre".
Après la publication début décembre du rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté, le tribunal administratif de Marseille avait déjà demandé à l'administration pénitentiaire d'agir aux Baumettes, pour que chaque cellule soit dotée d'un éclairage, que les détritus soient enlevés et que les repas ne soient plus entreposés à même le sol ni près des bennes à ordures. Des injonctions jugées insuffisantes par l'OIP, qui avait fait appel devant le Conseil d'État.
Début des opérations mercredi
L'administration débutera dès mercredi les opérations de dératisation. Elle se défend toutefois d'avoir attendu cette décision pour agir. Selon le vice-directeur de l'administration pénitentiaire, Julien Morel d'Arleux, des travaux sont déjà en cours.
"Depuis un mois nous travaillons. nous avons un plan de rénovation qui permet d'intervenir sur 15 cellules par jour. On a déjà fermé 40 cellules sur lesquelles on ne pouvait pas intervenir de manière rapide" , détaille Julien Morel d'Arleux.
Le Conseil d'État ne va pas assez loin.
Cette décision du Conseil d'État est importante estime l'OIP. Elle permettra notamment de faire avancer d'autres dossiers explique Patrick Spinosi, l'avocat de l'Observatoire. "Cette prison n'est pas la seule qui jusitifie une réfection et nous pourrons utiliser cette décision des Baumettes pour essayer d'obtenir dans d'autres prisons une amélioration des conditions de salubrité de ces établissements" , détaille l'avocat.
Benoît Vandermaesen est vice procureur à Marseille et délégué du Syndicat national de la magistrature. S'il salue cette décision du Conseil d'État, il regrette aussi que celui-ci ne soit pas allé assez loin. "Il y a quand même d'autres problèmes comme ces fils életriques à nus partout dans toutes les cellules qui ne sont pas réglés. S'il y a demain un incendie qui se déclare aux Baumettes ou un détenu qui s'électrocute, on pourra regretter que la décision du Conseil d'État n'ai pas été plus ferme" , explique Benoît Vandermaesen.
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