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La carrière de Jacques Vergès en cinq procès médiatiques

Le FLN, les terroristes, les criminels de guerre... l'avocat était connu pour défendre ceux que tout accuse ou que personne ne veut épauler face à la justice.

Article rédigé par Héloïse Leussier
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Jacques Vergès lors d'une conférence intitulée "la passion de défendre", le 9 décembre 2010 à Liège, en Belgique. (NICOLAS LAMBERT / BELGA / AFP)

Avec la mort de Jacques Vergès, jeudi 15 août, c’est le défenseur des causes indéfendables qui s’est éteint. Avocat aussi redouté que controversé, il s'est fait un nom en plaidant la cause des personnalités condamnées par l'histoire. Les clients de celui qui affirmait que "les poseurs de bombes sont des poseurs de questions" furent généralement des bêtes noires de l'Occident.

Le FLN, le terroriste Carlos ou encore le criminel nazi Klaus Barbie figurent dans la liste des procès médiatiques auxquels son nom est associé. Sans compter les dictateurs qu’il aurait voulu défendre, mais qui n’ont pas retenu ses offres : le Serbe Slobodan Milosevic ou encore l’ex-président irakien Saddam Hussein. 

1957 : l’indépendantiste Djamila Bouhired 

L'un des premiers combats politiques de l’avocat s'inscrit dans la lutte de l'Algérie pour son indépendance, au côté du Front de libération nationale (FLN). Il défend notamment Djamila Bouhired, militante indépendantiste reconnue coupable d’avoir commis des attentats à la bombe. Alors qu’elle est condamnée à mort, il mène une campagne médiatique en publiant le manifeste Pour Djamila Bouhired et obtient sa grâce. Sa cliente devient son épouse en 1965. Ils ont deux enfants durant les quelques années que dure leur union. 

Jacques Vergès revient sur cette affaire dans le documentaire de Barbet Schroeder, L'Avocat de la terreur.



1987 : le criminel nazi Klaus Barbie

C’est certainement son procès le plus controversé. En 1987, Jacques Vergès défend le criminel nazi Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo à Lyon, lors d’une audience ultramédiatisée. "Pour défendre Barbie, notera-t-il par la suite, j'ai dit aux accusateurs : 'Ce que vous lui reprochez, vous l'avez fait vous-mêmes sous la colonisation. Alors, à quel titre vous permettez-vous de le juger ?'" Répondant à des résistants qui évoquent le "sourire" du gestapiste lors des séances de torture, l'avocat lâche : "Mais ce sourire, c'est une preuve évidente de sa courtoisie !" Barbie est condamné à perpétuité.

Jacques Vergès a expliqué à l'animateur Thierry Ardisson les raisons pour lesquelles il a défendu Klaus Barbie. "On ne peut pas trouver dans ma plaidoirie un seul argument révisionniste", affirme-t-il.

 1994 : le jardinier Omar Raddad

En 1991, Ghislaine Marchal est retrouvée poignardée dans sa villa de Mougins (Alpes-Maritimes). Sur la porte de sa cave, l'inscription "Omar m'a tuer", en lettres de sang, accuse son jardinier, Omar Raddad. En 1994, maître Vergès devient l'avocat de ce dernier et n'hésite pas à comparer son cas à l’affaire Dreyfus : "Il y a cent ans, on condamnait un officier parce qu’il avait le tort d’être juif. Aujourd’hui, on condamne un jardinier parce qu’il a le tort d’être maghrébin", lance-t-il à l’issue du verdict qui condamne Omar Raddad à dix-huit ans de prison. Le jardinier sera partiellement gracié en 1996 par Jacques Chirac. 

L'avocat avait témoigné sur cette affaire dans l'émission Faites entrer l'accusé.



 1994 : le terroriste Carlos

En 1994, le révolutionnaire vénézuélien Carlos est poursuivi pour la fusillade du 27 juin 1975, dans la rue Toullier, dans le 5e arrondissement de Paris, dans laquelle deux inspecteurs de la Direction de la surveillance du territoire (DST) ont été tués. Aux côtés de l’avocate Isabelle Coutant-Peyre, Jacques Vergès est un temps le défenseur du terroriste, avant de se retirer en 1995, probablement pour des raisons stratégiques. Comme l'expliquait Libération, la justice s’était mise à s’intéresser aux liens qu’il entretenait avec l’organisation terroriste de Carlos. Ce dernier est reconnu coupable en 1997 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

2008: l'ancien dirigeant Khmer rouge Kieu Samphân

En 2008,  l'ex-dirigeant du Cambodge de 1976 à 1979, Khieu Samphan, est poursuivi pour crime contre l’humanité par le tribunal spécial de Phnom Penh. Jacques Vergès prend la défense de celui qu’il a connu dans les années 50, alors qu'ils fréquentaient tous deux les cercles marxisants du mouvement anticolonialiste. L’audience a démarré en 2011. 

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