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Jacques Vergès, "l'avocat de la terreur", est mort

Anticolonialiste, médiatique, mystérieux, il avait notamment défendu le criminel nazi Klaus Barbie, le terroriste Carlos ou encore Omar Raddad.

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'avocat Jacques Vergès à Toulouse (Haute-Garonne), le 30 janvier 2012. (BORDAS / SIPA)

L'avocat Jacques Vergès, qui a notamment défendu le criminel nazi Klaus Barbie, est mort à 88 ans, jeudi 15 août. Figure emblématique du barreau français, ses positions politiques et les causes qu'il a choisi de défendre tout au long de sa carrière lui ont valu un documentaire de Barbet Schroeder au nom évocateur, en 2007, L'Avocat de la terreur. Il a succombé à un arrêt cardiaque, à Paris. Une chute qu'il avait faite quelques mois auparavant l'avait affaibli, selon son entourage.

Anticolonialiste et défenseur de Klaus Barbie

Né d'un père réunionnais et d'une mère vietnamienne, Jacques Vergès a été solidaire de tous les mouvements anticolonialistes. "Défenseur des militants du FLN algérien condamnés pour avoir commis des attentats durant la bataille d'Alger, il épouse, après l'indépendance du pays, Rachida Bouhired, condamnée à mort puis graciée à la suite d'une campagne animée par l'avocat", écrivait Le Monde en 2007. 

Après avoir embrassé la cause palestinienne, il disparaît pendant neuf ans, non sans entretenir un certain mystère sur cette mise en retrait soudaine. "Il resurgit et devient l'avocat d'activistes ayant choisi la lutte armée contre l'impérialisme et Israël, poursuit le quotidien du soir. L'un de ses plus spectaculaires engagements sera la défense de Klaus Barbie", l'ancien chef de la Gestapo de Lyon, surnommé "le boucher de Lyon". "Pour moi, Barbie est un personnage tragique de notre temps. C'est l'officier subalterne d'une armée d'occupation dans un pays qui résiste", avait déclaré Jacques Vergès dans cette interview télévisée, en 1991. 

Médiatique, mystérieux

Parmi ses clients les plus célèbres figurent également le terroriste Carlos, Omar Raddad, le khmer rouge Khieu Samphân et même temporairement l'ancien président serbe inculpé de génocide, Slobodan Milosevic.

Aussi mystérieux que médiatique, l'avocat aimait susciter la polémique. Interrogé dans le documentaire de Barbet Schroeder sur les personnes qu'il aurait accepté de défendre, il rétorque : "Serais-je prêt à défendre Hitler ? Bien sûr. Et même George W. Bush. Je suis prêt à défendre tout le monde (...) à condition qu’ils plaident coupables."

Un avocat "fascinant"

"Ce qu'on peut retenir de Jacques Vergès, c'est à la fois le talent, le courage, l'engagement et le sens de la contradiction avec un respect de l'autre. Un avocat, ce n'est pas un mercenaire, c'est un chevalier, et Jacques Vergès était un chevalier", a commenté l'ancien président du Conseil national des barreaux, Christian Charrière-Bournazel, en fin de soirée.

Sur BFMTV, la bâtonnière du barreau de Paris, Christiane Féral-Schuhl, lui a aussi rendu hommage, tout en reconnaissant une "part obscure" à ce brillant orateur. Quant à son confrère Georges Kiejman, il a qualifié Jacques Vergès de "fascinant", sur la même chaîne. "C'est l'un des deux ou trois avocats extraordinaires de ma génération". "J'avais gardé pour lui toute mon estime, tout en sachant que, sur aucun point, nous ne serions d'accord."

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