La bataille du Mediator commence sur le terrain de la procédure
C'est le premier procès pénal dans l'affaire du Mediator, ce médicament accusé d'avoir tué entre 500 et 2.000 personnes. Et il est déjà suspendu. Le tribunal correctionnel de Nanterre va en effet devoir statuer sur des éléments de procédure, soumis par les Laboratoires Servier, le 21 mai prochain à 14h30. Un délai qui agace déjà les adversaires de Servier, pour qui il s'agit simplement de gagner du temps.
Jacques Servier, justement, se trouve désormais à leur portée. 90 ans, en costume trois pièces sombre, les bras croisés, l'homme se déplace avec difficulté et répond avec une voix éraillée. Mais "c'est important qu'il soit là" , explique un homme opéré après avoir pris du Mediator. "Je voulais le voir en face et voir sa réaction."
"On ne peut pas être jugé pour des faits pour lesquels on a été mis en examen" (avocat de Jacques Servier)
Pourtant le procès pourrait bien s'arrêter là. Car si plus de 600 personnes ont décidé de saisir le tribunal de Nanterre pour demander réparation, ils l'ont fait sans attendre la fin de l'instruction menée actuellement au pôle santé du tribunal de grande instance de Paris. Or selon l'avocat de Jacques Servier, il y a "un leitmotiv simple : on ne peut pas être jugé pour des faits pour lesquels on a été mis en examen" . Un autre avocat enfonce le clou : "Nous ne cherchons pas à ne pas être jugés, mais à être mieux jugés" .
Un argument irrecevable pour les avocats des parties civiles : "Si ça, ce n'est pas pour gagner du temps et botter en toucher pour éviter de s'exprimer sur le fond !" , regrette l'une d'eux. Servier a également lancé deux questions prioritaires de constitutionnalité, et demandé une expertise judiciaire et un supplément d'information. Autant d'éléments qui pourraient mener à la fin prématurée du procès.
Les plaignants reprochent à Servier de les avoir "délibérément" trompés sur la composition du Mediator. Un médicament largement utilisé (à tort) comme coupe-faim de 1976 à 2009, et potentiellement responsable de 500 à 2.000 morts, selon les estimations.
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