L'affaire de l'hormone de croissance de retour devant la justice
Cent vingt personnes sont mortes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, après avoir été traitées enfants, entre 1983 et 1985, par de l'hormone de croissance contaminée.
En France, on recense 70% des cas, enregistré dans le monde, de contamination par l'hormone de croissance. Une poignée de familles s'était pourvue en cassation et en 2014, la plus haute instance judiciaire française a cassé partiellement le jugement.
Les deux prévenus encore en vie sont donc renvoyés devant la cour d'appel. Le professeur Fernand Dray, 91 ans, qui dirigeait le laboratoire Uria, rattaché à l'Institut Pasteur, chargé d'élaborer le produit, et le docteur Elisabeth Mugnier, 64 ans, qui assurait la collecte des hypophyses sur les cadavres. Il n'y aura pas de condamnation pénale, les relaxes étant définitives car le parquet ne s'était pas pourvu en cassation. Mais la cour d'appel va examiner leurs responsabilités civiles, et pourrait donc les condamner à verser des dommages et intérêts aux familles.
Le silence des médecins
Charles-Guillaume Demaret mesure aujourd'hui 1m71. L'hormone de croissance est entrée dans sa vie en 1977, Béatrice, sa mère, se souvient : "Mon fils, à l'âge de six mois, avait une toute petite taille. Le traitement a été mis en route quand il avait un an ."
Quand les premiers cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob apparaissent, à la fin des années 80, ce ne sont pas les médecins qui la préviennent. "A la radio, j'ai entendu qu'en France il y avait x morts dont on rapportait la cause, la maladie de Creutzfeldt-Jakob par l'intermédiaire de l'hormone de croissance. Ce jour-là le ciel m'est tombé sur la tête. "
A 39 ans, Charles-Guillaume n'est pas tombé malade. Mais les délais d'incubation sont très longs. Alors parfois, il y pense. "J'ai une mémoire qui ne fonctionne pas comme quand j'avais 20 ans et parfois je me demande si ce n'est pas un symptôme de la maladie. "
Ce troisième procès, pour son fils et pour l'association Grandir qu'elle préside, Béatrice veut y croire. "Si on y va, c'est pour qu'on reconnaisse qu'il y a eu des fautes. Et que la faute doit être condamnée. Et que les deux derniers qui restent vont demander pardon ".
Les prévenus, eux, plaideront qu'il leur était impossible de prévoir ce risque. Le procès débute ce lundi après-midi à la cour d'appel de Paris, et durera jusqu'au 28 octobre 2015.
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