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Info franceinfo Pédophilie : l’affaire di Falco relancée

L’évêque de Gap, monseigneur di Falco, est assigné au civil dans une affaire de pédophilie présumée.

Article rédigé par Laëtitia Saavedra
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Affaire di Falco : "Marc" se dit victime d'agressions sexuelles (RADIO FRANCE)

C’est une information franceinfo : monseigneur di Falco, l’évêque de Gap, ex-porte-parole médiatique de l’épiscopat, est assigné au civil dans une affaire de pédophilie présumée.

Un ancien élève, qui se fait appeler "Marc", veut demander réparation pour le préjudice qu’il aurait subi, après des viols et des agressions sexuelles que le prêtre aurait selon lui commis dans les années 1970, alors qu'il avait entre 12 ans et 15 ans. À l’époque, monseigneur di Falco était le directeur du petit collège de Saint-Thomas-d’Aquin dans le 7e arrondissement de Paris.

Ça a commencé par des relations sexuelles et des viols. J’avais 12 ans, ça a duré de 1972 à 1975

"Marc", à propos
de monseigneur di Falco

En 2001, cet homme avait déjà porté plainte contre monseigneur di Falco. "Marc" raconte : "Je rencontre di Falco en 1972 par l’intermédiaire de copains qui m’amènent chez lui. On va dans son salon, et à un moment je me retrouve sur lui. Il était allongé sur le canapé marron en velours côtelé. Moi j’étais assis dans le canapé. Il m’a attrapé et il m’a mis sur lui et après on est passé dans la chambre. À ce moment-là, c’est la tétanie qui est arrivée, c’est-à-dire, la respiration qui se coupe. On se déshabille, il continue cette même chose. Il a des mouvements de va et vient, il m’utilise pour se frotter. Ça a commencé par des relations sexuelles et des viols. J’avais 12 ans, ça a duré de 1972 à 1975".

Marc se souvient aussi d'un week-end où le père di Falco l’a amené à Strasbourg : "On a été logé chez des amis à lui. On dort d’ailleurs chez eux, on a un lit double dans un grand salon et c’est là où on dort ensemble quand même... chez ces amis-là. À Strasbourg il m’a pris en photo, il a même fait un poster de moi avec cette photo, un très très grand poster, c’est très étrange ça, ça fait une surprise, y’a que moi sur la photo." Devant les enquêteurs, Monseigneur di Falco dément avoir dormi dans le même lit que "Marc" à Strasbourg.


L'affaire Di Falco relancée par franceinter

En 2002, la justice classe la plainte parce que les faits présumés remontent aux années 1970 et sont prescrits. Aujourd’hui, après avoir épuisé toutes les voies de recours possibles au pénal, "Marc" lance une nouvelle procédure au civil. Il veut demander réparation car malgré plusieurs thérapies, il dit souffrir encore des conséquences de cette affaire : "La tétanie. Dès qu’il y a de l’émotion, je me bloque, comme ce qui m’est arrivé en 1972 avec di Falco. Ça m’est resté dans le corps. Je vois flou, je n’entends plus, il ne se passe plus rien, je ne peux pas travailler. Ce sont des séquelles que je continue à avoir depuis l’âge de 12 ans." 

Un autre facteur l'a poussé à agir : il s’agit de l’affaire Barbarin, qui a ravivé son ressentiment. "L’affaire de Lyon a re-réveillé tout ça, raconte "Marc". C’est remonté comme un bloc. Là je me suis dit, il faut qu’il soit puni. Et pour le punir, il faut que cette affaire aille en justice. Si on me reconnaît comme une victime, il va se passer quelque chose pour lui, fatalement. Il va y avoir une sanction. Et le fait est qu’il y a d’autres victimes qui se sont manifestées et je pense qu’il y en a d’autres."

"Marc" est soutenu par une seconde personne qui dit aussi avoir été victime du prêtre quand il avait 10 ans et alors qu’il était au collège Bossuet (Paris, 6e arrondissement), dont le père di Falco était le directeur. Sa plainte avait aussi été classée sans suite en 2002 pour cause de prescription. Cet homme se fait appeler "Paul" Aujourd’hui il ne souhaite pas assigner l’évêque de Gap, mais il se dit solidaire de "Marc" : "Je veux le soutenir dans sa démarche parce qu’il n’est pas tout seul. Nous sommes ensemble contre di Falco, contre le mal qu’il a fait sur nous et que nous portons toujours malgré les 40 ans passés. C’est un manipulateur. C’est un manipulateur ce Di Falco qui a su me manipuler, moi enfant fragile, me manipuler si bien qu’il est parvenu à m’agresser. Il a mis sa main dans mon pyjama et si je ne lui avais pas dit d’arrêter, il aurait été plus loin".

Monseigneur di Falco a toujours farouchement nié les faits

franceinfo a contacté monseigneur di Falco, mais il n’a pas souhaité s’exprimer. En 2002 monseigneur di Falco avait déposé une plainte en dénonciation calomnieuse, plainte rejetée par la justice deux ans plus tard.

Concernant la relance d'une procédure au civil, l'avocat de monseigneur di Falco, Maître Baratelli nous a transmis le courrier suivant : "La plainte qui avait été déposée en son temps avait été non seulement classée pour prescription, mais encore parce que les faits étaient totalement infondés [...]. Quel est le sens, plus de 40 ans après ce qu'il raconte avoir subi, plus de 14 ans après le classement de la plainte pénale, d'une assignation civile sans fondement ? [...] Une démarche aussi vile, aussi déplacée qu'incongrue, tente maladroitement de profiter du sillon creusé par les affaires occupant le diocèse de Lyon [...]. Monseigneur Jean-Michel di Falco avait, au moment des premières accusations de 2002, bénéficié du soutien de l'opinion publique et du soutien de tous ceux qui ont pu le côtoyer tout au long de sa vie. Jamais personne n'avait pu apporter un témoignage contraire à la rectitude morale et intellectuelle de cet homme".

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