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Explosion de l'usine AZF à Toulouse : un troisième procès-fleuve s'ouvre à Paris

Plus de quinze ans après la pire catastrophe industrielle en France depuis 1945, un troisième procès du drame AZF s'ouvre mardi à Paris. L'explosion avait coûté la vie à 31 personnes et fait des milliers de blessés. 

Article rédigé par Frédéric Bourgade, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
A Toulouse, un monument en hommage aux victimes de l'explosion d'AZF, quinze ans après la catastrophe. (ERIC CABANIS / AFP)

Le troisième procès de la catastrophe d'AZF à Toulouse le 21 septembre 2001 s'ouvre mardi 24 janvier à Paris, avec des audiences prévues sur quatre mois. Il s'agit d'une nouvelle bataille judiciaire autour de la possible responsabilité pénale de l'ex-directeur de l'usine et du propriétaire du site de Grande Paroisse, le groupe pétrolier Total. En 2015, la Cour de cassation avait cassé l'arrêt les condamnant en appel.

La mémoire intacte de la douleur

Le troisième procès, au rythme de trois jours d'audience par semaine jusqu'au 24 mai, va réveiller des souvenirs et des douleurs parmi les milliers de victimes. À cause de l'explosion, Pauline Miranda, a perdu 70% de l’audition à l’oreille droite. Celle qui est aujourd'hui présidente de l'association des "Sinistrés du 21 septembre 2001", raconte qu'elle est restée cinq ans sous traitement antidépresseur, après un choc dont elle se souvient comme si c'était hier. "Je me trouvais dans ma voiture. J’ai vu le collège exploser sur ma droite. J’ai senti ma voiture me soulever, et à ce moment-là, j’ai vu l’école primaire exploser", se remémore Pauline Miranda. À Paris, le tribunal a prévu trois jours pour écouter les victimes, dont la plupart resteront à Toulouse pour suivre les débats sur un écran géant.

La recherche d'une autre vérité

Le procès sera d’abord technique, comme les deux précédents, avec deux thèses irréconciliables. D’un côté, un accident lié à une négligence dans la gestion des déchets. De l’autre, l’hypothèse d’un évènement extérieur. Dès le début, les ex-salariés d’AZF vont d’ailleurs demander un supplément d’information. Jacques Mignard de l’association "Grande Paroisse mémoire solidarité" s'interroge : "Peut-être y a-t-il eu un enchaînement de circonstances qui expliquerait l’explosion du bâtiment 221."

Lors des deux procès précédents, les juges avaient pourtant estimé inutile ce supplément d’information que les avocats des victimes analysent comme une stratégie, destinée à instiller le doute sur les causes réelles de l’explosion. Pour Stella Bisseuil, avocate de l'association de victimes "Familles endeuillées", Total se défausse. "Il y a eu beaucoup de pistes alternatives. Maintenant, c’est la nitrocellulose dans le sous-sol", parce que le site aurait été occupé autrefois par une poudrerie. "Il suffit d’ouvrir ce dossier et on y voit la cause de l’explosion", ajoute Me Bisseuil. 

Le poids des experts

La culpabilité du pétrolier Total constitue l’objectif des parties civiles. Mais pour l’avocat de Grande Paroisse, la filiale de Total où le hangar 221 a explosé, aucun expert ne peut démontrer la responsabilité pénale du pétrolier. Me Jacques Monferran estime que "le procès est très simple", au regard des expertises. "Des experts ont été désignés, en particulier sur le plan scientifique, détonique. On considère que ces experts n’ont rien démontré" explique-t-il.  Pour l'avocat, "la relaxe est simplement le résultat logique des procès de ce genre".

Près de seize ans après l’explosion, un hôpital d’oncologie et des laboratoires ont remplacé l’usine AZF, mais, pour les Toulousains, AZF reste synonyme d’un drame qui coûté la vie à 31 personnes et provoqué des milliers de victimes.

Explosion de l'usine AZF à Toulouse : un troisième procès-fleuve s'ouvre à Paris - un reportage de Frédéric Bourgade

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