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Chantage à la vidéo intime à Saint-Étienne : le maire Gaël Perdriau dénonce une "machination"

Accusé de chantage à la vidéo intime après des révélations du site d'investigation Mediapart, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau prend la parole et se défend sur France Inter. 

Article rédigé par franceinfo
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Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, en 2014. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

C'est la première fois qu'il s'exprime en longueur sur cette affaire de chantage présumée à la vidéo intime : le maire LR de Saint-Etienne dénonce une "machination" dans une interview accordée à France Inter jeudi 8 septembre, dans les locaux de son avocat Maître Ingrain, à Paris.

L'affaire du chantage à la vidéo intime est révélée par Médiapart le 26 août dernier (article payant). Le site d'investigations dévoile qu'un adjoint au maire de la ville stéphanoise, Samy Kéfi-Jérôme, a organisé fin 2014 un rendez-vous filmé avec un escort gay pour piéger Gilles Artigues, alors premier adjoint (UDI). À ses côtés, comme co-organisateur du complot et compagnon de l'époque, Gilles Rossary-Lenglet.

Des subventions associatives au coeur du financement

C'est lui qui a révélé l'affaire à Médiapart. Il assure avoir touché 50 000 euros par la mairie pour piéger Gilles Artigues : "Une partie en argent sonnant et trébuchant et une autre partie en avantage, en nature" indique-t-il. Selon lui, 40 000 euros ont transité via deux associations, dont l'association des artistes de la galerie Art pluriel (AGAP), qui a touché 20 000 euros de la ville. "Je faisais des factures sur lesquelles on mettait un 'gloubiboulga' d'activités et elles me rétribuaient", détaille-t-il. "J'ai touché des sommes de 1 500 par-ci, 1 000 par-là sur un an et demi", poursuit l'ancien élu. La présidente de l'AGAP assure que Gilles Rossary-Lenglet a bien travaillé pour son association, ce que nie l’intéressé.

Le dossier de subvention que France Inter a pu consulter promet le lancement par un prestataire d'une foire internationale d'art contemporain qui n'aura jamais lieu. "Je n’avais pas le réseau pour créer cela", souligne-t-il. La subvention est alors votée en juillet 2015 en urgence, quelques mois après le tournage de la vidéo. Une demande portée directement par le cabinet du maire Gaël Perdriau, pour qui tout a été fait légalement : "Il existe une ligne budgétaire pour imprévus parce qu'il fallait effectivement aider à l'ouverture de la galerie d'un côté et pouvoir préparer le programme de l'autre", justifie le maire.

Autre élément troublant, le budget du projet porté par l'AGAP, qui comprend 3 500 euros de financement obtenu sur la "réserve parlementaire" du député socialiste de l'époque Régis Juanico. L'ancien parlementaire assure à France Inter avoir vérifié ses archives et n'avoir jamais reçu aucune demande.

Des écoutes embarassantes

Mediapart a, depuis la fin août, sorti de nouvelles révélations. Ce mardi, le site a publié des enregistrements sonores qui datent d'avril dernier, bien avant la révélation de l'affaire, où on entend Gaël Perdriau parler "du coup d'Artigues". Dans une autre séquence, l'élu LR dit "si les choses [la vidéo] seront sur la table, il [Gilles Artigues] est mort". Ces bandes sonores prouvent selon Médiapart que Gaël Perdriau connaissait l'existence de cette vidéo.

Interviewé sur le sujet, Gaël Perdriau affirme avoir eu vent "d'une rumeur qui évoquait cette vidéo, comme il y avait d'autres rumeurs concernant Gilles Artigues, me concernant, concernant d'autres élus". Il justifie ses propos dans les enregistrements sonores de Mediapart en expliquant avoir été mis au courant, un mois avant de l'existence de la vidéo intime par Gilles Rossary-Lenglet. Selon lui, "Mediapart est en manque de preuves tangibles, il a fallu en fabriquer".

Le maire nie être le commanditaire

À la question de savoir s'il a piégé Gilles Artigues, s'il a commandité cette vidéo intime pour pouvoir faire pression sur un membre de sa majorité, l'homme politique répond : "Jamais ! Au grand jamais ! Je suis un homme honnête, loyal et, qui plus est, sans aucun motif de rentrer dans ce genre de compromissions."

Pour lui, c'est une "terrible machination qui vise à [le] salir". Il précise qu'à la fin 2016, Gilles Artigues évoque devant lui "cette rumeur, sans la développer, sans m'expliquer qu'il y avait des éléments tangibles. Il ne m'a pas confirmé la véracité de cette rumeur. A aucun moment, il ne m'a fait part d'un désarroi ou d'une demande de soutien ou d'aide".

Pour rappel, Gilles Artigues a porté plainte pour "chantage aggravé, guet-apens en bande organisée, détournement de fonds publics et non-dénonciation de faits délictueux".

Gaël Perdriau nie avoir exercé des pressions politiques sur Gilles Artigues, lui avoir demandé notamment de ne pas se présenter aux élections législatives : "Il a été candidat à toutes les élections qu'il a voulues."

"La finalité de cette machination, c'est de [me] détruire, de m'éliminer du paysage politique stéphanois".

Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne

à France Inter

Il ajoute avoir été approché, durant l'été, par des députés et des maires LR, pour briguer la présidence du parti et soupçonne des "rivaux" potentiels (le nom de Laurent Wauquiez ou encore Eric Ciotti est évoqué dans l'interview), d'avoir orchestré la publication de cette affaire. "Pourquoi une affaire qui remonterait à 2015, il y a huit ans, sortirait précisément aujourd'hui ?"

Dans ce dossier, le parquet de Lyon est chargé de l'enquête pour "chantage aggravé", après la plainte déposée par Gilles Artigues. Des perquisitions ont eu lieu à la mairie de Saint-Etienne lundi. Gaël Perdriau a déposé plainte pour "dénonciation calomnieuse concernant les fausses déclarations de Gilles Artigues", ont annoncé ses avocats.

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