Cancer du col de l'utérus: une plainte déposée contre un vaccin
Une plainte contre le vaccin
Gardasil a été déposée vendredi auprès
du parquet du tribunal de Bobigny (Seine Saint-Denis) par une jeune Bayonnaise
de 18 ans contre Sanofi Pasteur et l'Agence nationale de sécurité du médicament.
Son avocat - et par ailleurs avocat de victimes du Mediator -,
Me Jean-Christophe Coubris, dénonce une "atteinte involontaire à l'intégrité
de la personne humaine ".
En octobre puis décembre
2010, la jeune fille alors âgée de 15 ans, reçoit deux injections de vaccin
Gardasil. A l'époque, la publicité du laboratoire poussant
les mères à "protéger" leurs filles est omniprésente sur les écrans de
télévision. Mais
la jeune femme est hospitalisée à plusieurs reprises en 2011, à Dax (Landes) après
des vertiges et vomissements, puis au CHU de Bordeaux, après
avoir souffert d'une perte de la vue, de la marche et de paralysie faciale
notamment. Son état se stabilise en
août 2012, mais elle présente une fatigabilité persistante
gênant sa scolarité.
Selon le journal Sud Ouest, une double
expertise commandée par la Commission d'indemnisation des accidents médicaux
d'Aquitaine a conclu à un "lien de causalité " entre l'injection de
Gardasil et une "réaction inflammatoire aiguë du système nerveux
central ", qui a "décompensé un processus
immunitaire ", après la deuxième injection.
Marie-Océane et son
avocat reprochent au Laboratoire Sanofi Pasteur MSD de ne pas
avoir informé les utilisateurs du Gardasil des risques
inflammatoires du système nerveux central alors que ces risques ont été
identifiés depuis 2009, à la suite d'une déclaration d'effets
indésirables.
"Je
ne suis pas pour l'interdiction du Gardasil, je suis pour une plus juste
information, une plus grande transparence, que nous choisissions chacun de
prendre le risque ou pas de subir des effets secondaires à un vaccin mais qu'on
ne reste pas dans le silence. Le laboratoire est dans le déni et je trouve cela
inacceptable ", a déclaré Jean-Christophe Coubris sur France Info.
Ils reprochent également à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) de
n'avoir pris aucune mesure à l'encontre du
laboratoire.
"On
n'a pas pu faire un lien directe entre la vaccination et ces pathologies qui surviennent
aussi chez des femmes qui ne sont pas vaccinées. En termes de bénéfice risque,
c'est une vaccination efficace contre ces maladies qui sont sexuellement
transmissibles ", a répondu Nicolas Ferry, le directeur de l'ANSM.
Le laboratoire
pharmaceutique dit avoir été informé le 18 septembre des
conclusions de la Commission régionale de concialition et d'indemnisation des
accidents médicaux (CRCI) de Bordeaux suite à une demande d'indemnisation
"concernant la survenue d'une sclérose en plaques chez une jeune fille au décours
d'une vaccination par Gardasil ".
"L'étude
qui est mise en avant par maître Coubris est fondée sur l'avis de deux experts
qui ne tiennent pas compte des études scientifiques menées jusqu'ici par les
autorités. C'est un rapport d'expertise isolé. Dans ce dossier, il y a une coïncidence
chronologique, ce n'est pas pour cela qu'il y a un lien établi ", a expliqué Cécile
Derycke, l'avocate de Sanofi Pasteur MSD.
La CRCI avait conclu en juin
2013 selon l'avocat au "lien d'imputabilité entre le
vaccin et la pathologie ". Elle a cependant limité à 50% de ses
préjudices l'indemnisation de
Marie-Océane "au motif d'un état antérieur non identifié mais
laissant supposer une vulnérabilité génétique ".
Le vaccin fait débat en France
L'utilité du vaccin contre le cancer contre le
col de l'utérus a régulièrement fait débat
en France, où des patientes ont déjà saisi des commissions régionales
d'indemnisation des accidents médicaux, pour des effets secondaires liés selon elles au Gardasil,
commercialisé par Sanofi pour Merck.
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En mars 2012, un groupe d'études de
l'Assemblée nationale sur la vaccination avait recommandé "une recherche
approfondie sur l'efficacité et les effets du vaccin".
Selon l'Institut national de veille
sanitaire (InVS), moins d'un tiers des adolescentes françaises étaient en 2011 vaccinées
contre le cancer du col de l'utérus, douzième cancer le plus fréquent chez les
femmes en France, mais l'un des plus fréquents dans le monde.
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