Aubervilliers : l’enseignant jugé pour une fausse agression change de version
L’enseignant de 45 ans avait affirmé avoir été poignardé dans son école d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en décembre 2015, avant d’avouer avoir inventé une attaque de Daech. Jeudi, il comparaissait pour "dénonciation de crime imaginaire" devant le tribunal correctionnel de Bobigny, où il a à nouveau changé de version. Le procureur a requis deux à trois mois de prison avec sursis. L’affaire avait provoqué de l’émoi et une visite de la ministre de l’Education nationale à l’école maternelle.
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La silhouette fine, de longs cheveux argentés noués en catogan, le professeur de maternelle, 22 ans de carrière, parle d’une voix posée. Et à la barre, il maintient qu’il a été agressé. Il raconte que ce matin-là, il était arrivé à 7h, "avec fougue", et "avec des cadeaux pour les enfants" , il avait "escaladé la grille" pour entrer dans l’école, comme souvent à cette heure, puis il avait commencé à faire du découpage.
"Et pendant que je découpe" dit-il "tout à coup, ma tête est projetée sur la table plusieurs fois, je suis sonné, on attrape ma main droite, celle qui tient le cutter, et je vois du sang."
Le professeur assure qu’il a ensuite été plaqué au sol, et que son agresseur, en combinaison de peintre, une cagoule noire sur la tête, a cherché à le blesser avec des ciseaux puis lui a lancé "on va tous vous avoir, c’est Daech qui va gagner" .
A ce moment précis, le téléphone de l’agresseur aurait vibré : il a dit "merde" et il a fui, affirme le professeur, face à ses juges, qui sont dubitatifs.
"Notre agresseur est particulier" fait remarquer le procureur, "il y a eu 66 témoins interrogés, personne ne l’a aperçu". "Et les policiers n’ont relevé aucune trace de lutte dans la classe" i nsiste le président. Mais les policiers ont bâclé l’enquête estime l’avocate du professeur, Noémie Saidi-Cottier.
"On n'a pas la preuve que c'est un affabulateur. La réalité, c'est que nous avons une affaire qui repose sur des aveux, et ces aveux-là , nous les contestons. Ils sont passés alors qu'il est sous morphine."
L’avocate du professeur demande sa relaxe. Le jugement sera rendu dans deux semaines.
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