Attentat du City of Poros en Grèce: trois fantômes et un faux coupable devant la cour d’assises de Paris
C’est un procès particulier qui s’est ouvert ce matin devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Les témoins, experts et victimes qui se succéderont à la barre évoqueront une autre époque et un groupe aujourd'hui disparu, suspecté du crime, l'organisation palestienne "Fatah conseil révolutionnaire" dirigée par Sabri al Banna, dit "Abou Nidal", mort en 2002 en Irak.
Il y a vingt-trois ans, au large d’Athènes, une attaque au pistolet-mitrailleur et à la grenade, menée sur le bateau de croisières par un commando, avait fait neuf morts, dont trois touristes français, Isabelle Bismuth, Laurent Vigneron et Annie Audejean, et 46 blessés, dont 31 Français.
Des doutes subsistes
La police grecque et la justice française, compétente car ses citoyens figuraient parmi les victimes, n'ont pu déterminer avec précision combien d'activistes avaient participé directement à l'action mais ont identifié trois suspects. L'identité d'un seul d'entre eux est certaine.
Il s'agit de Samir Khaïdir, un activiste né en Cisjordanie qui aurait aujourd'hui 61 ans. Membre avéré du groupe d'Abou Nidal, il a été identifié grâce à ses empreintes digitales retrouvées sur les lieux. Il a été donné pour mort, sans certitude, par les services de renseignement français et l'ambassade de France en Libye.
Pour les deux autres suspects, les enquêteurs ne disposent que de photos figurant au dossier et d'identités qui peuvent être fausses.
Les trois accusés font l'objet d'un mandat d'arrêt international depuis
1992 mais on ignore s'ils sont encore en vie.
Le tireur aurait été un Libanais, âgé de 21 ans au moment des faits, Adnan Sojod, recherché pour homicides volontaires.
Le Jordanien Samir Khaidir, considéré comme le chef du commando et le Libanais Abdul Hamid Amoud sont jugés comme complices.
Quelques heures avant l'attaque, une voiture stationnée sur le port du Pirée avait explosé, provoquant la mort de ses deux occupants. Cela avait conduit les enquêteurs à penser qu'une deuxième équipe devait intervenir au sol.
Le groupe Abou Nidal a été soupçonné en France de l'attentat de la rue des Rosiers à Paris en 1982, qui avait fait six morts et 22 blessés, mais l'enquête n'a jamais abouti.
Concernant l'attentat à la bombe contre une synagogue de la rue Copernic à Paris en 1980, imputé à un autre groupe palestinien et qui avait fait quatre morts, le juge Trévidic a fait arrêter au Canada en 2008 un suspect, Hassan Diab, qui pourrait être prochainement extradé vers la France.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.