"Tous ces soutiens et cette solidarité, ça me rassure" : le témoignage d'André Mondange, le maire agressé à Avignon
Après son agression, le maire divers gauche du Péage-de-Roussillon, André Mondange, se dit sur franceinfo dimanche 24 décembre, "très surpris" et "un peu dépassé" par "l'ampleur que prend cette affaire". De nombreux politiques ont en effet réagi après qu'il a été physiquement agressé à Avignon (Vaucluse), dans la nuit de jeudi à vendredi, alors qu'il se trouvait dans un bar avec ses proches. "Tous ces soutiens et cette solidarité, ça me rassure", ajoute-t-il. Il a par ailleurs porté plainte.
franceinfo : Que vous est-il arrivé, dans la nuit de jeudi à vendredi ?
André Mondange : J'étais en déplacement privé, à Avignon, à l'occasion de la présentation [soutenance] d'une thèse d'histoire de mon neveu. Tout s'était très bien passé. Nous avions réservé dans un pub pour fêter l'événement en famille. La fête s'est très bien déroulée. Simplement, à un moment donné, des individus sont arrivés. Ils m'ont abordé d'abord de façon "normale", je dirais. Ils m'ont demandé quel était l'insigne que j'avais à la boutonnière. Je leur ai dit que c'était l'insigne de maire. Ils m'ont demandé de quelle commune j'étais maire. Je leur ai dit "dans une petite ville de 7 000 habitants, entre Lyon et Valence". Au moment de la fermeture du pub, on était sur la terrasse. Ils se sont réintroduits dans le groupe familial. Ils m'ont demandé mon appartenance politique. Je n'ai pas voulu répondre. Je leur ai dit "Ecoutez, ce n'est pas le lieu ici, je ne veux pas parler de ça, c'est privé". Après, ils s'en sont pris à ma fille qui est métisse et ils ont tenu très délibérément des propos racistes.
Avez-vous été pris à partie en tant que maire, ou bien s'agit-il seulement d'une agression raciste ?
Les deux. Ils savaient très bien que j'étais maire. Ils ont voulu connaître mon appartenance politique. Je n'ai pas répondu. Ils m'ont dit "l'Isère, c'est certainement la gauche, plutôt PCF [Parti communiste français]". Ensuite, ils ont tenu des propos délibérément très racistes, notamment en direction de ma fille. Elle était avec ses cousines, elles ont répondu, elles ne se sont pas laissé faire. Elles ont bien eu raison. Quand ils ont vu qu'ils étaient battus par les mots, ils ont répondu par la violence. L'un d'entre eux a voulu porter un coup avec une bouteille de bière en verre sur une de mes nièces. Il l'a touchée d'ailleurs. Là, il a fallu protéger le groupe familial et forcément, il y a des coups qui sont tombés de part et d'autre.
Avez-vous des séquelles ?
J'ai un peu mal partout, et j'ai un gros hématome au visage. Naturellement, on est tous choqués par cet événement qui est intolérable, y compris ceux qui ne sont pas blessés physiquement.
"Les faits sont extrêmement graves : ils n'ont pas hésité à taper sur une personne dont ils savaient qu'elle était maire et donc détentrice de l'autorité publique."
André Mondangeà franceinfo
Quant aux propos racistes, ils sont intolérables. Le racisme est un délit, pas une opinion. D'autre part, s'en prendre à des gens avec une bouteille à la main, c'est très grave. C'est considéré comme une arme.
De nombreux politiques vous ont apporté leur soutien. Comment y réagissez-vous ?
Je suis très surpris, et un peu dépassé par l'ampleur que prend cette affaire. Tous ces soutiens et cette solidarité, ça me rassure. Après, il faut d'abord qu'on ne laisse rien passer, que les agressions d'élus soient durement punies. S'il y en a qui n'étaient pas sûrs du danger de l'extrême droite, il faut que tout le monde prenne conscience qu'elle est dangereuse et défend des idées qui sont nauséabondes. Ce ne sont pas des républicains [ses représentants], on ne peut pas les considérer comme tel. Ces gens-là, il faut les combattre.
Que faut-il faire pour que les élus soient mieux protégés ?
Si on peut améliorer la protection des élus, il faut le faire. Après, j'ai bien conscience qu'on ne va pas mettre un garde du corps derrière chaque maire. Ce n'est pas souhaitable. Quant à cette petite cocarde de maire [l'insigne qu'il portait lors de son agression], je la mets non pas par vanité, ou pour dire "vous voyez, je suis maire". Non, c'est parce que je ne veux pas laisser les symboles de la République à l'extrême droite. On a laissé trop longtemps ces choses-là au Front national, notamment. "Bleu, blanc, rouge", ça n'appartient pas à l'extrême droite. Les valeurs de la République, "liberté, égalité, fraternité, laïcité", ce sont nos valeurs, certainement pas celles de l'extrême droite.
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