Procès Outreau : l'entourage "militant" des enfants Delay passé au crible
Livrés à eux-mêmes après leur majorité, les fils de Thierry Delay et Myriam Badaoui ont été accueillis et pris en charge par des personnes mettant en doute les treize acquittements du dossier.
Pourquoi les enfants Delay se sont-ils finalement constitués partie civile ? Cette question hante les débats depuis l'ouverture du procès de Daniel Legrand, le 19 mai dernier. En apprenant mi-2013 que cet acquitté serait bien rejugé pour des viols et agressions sexuelles qu'il est accusé d'avoir commis entre ses 16 et 18 ans, Chérif, Dimitri et Jonathan avaient d'abord dénoncé "une mascarade" judiciaire. Ils ont finalement décidé de participer au procès et, pour deux d'entre eux à ce jour, de porter des accusations contre Daniel Legrand, qu'ils n'avaient jusqu'à présent jamais mis en cause.
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Pour la défense, ces victimes de l'affaire Outreau sont "instrumentalisées" par les tenants de "l'autre vérité" d'Outreau, celle qui conteste les treize acquittements. Des militants incarnés, selon les avocats de Daniel Legrand, par deux femmes entendues mardi 26 mai.
"Aider ces garçons à tourner la page"
Laurence Gratton et Homayra Sellier ont raconté à la barre être allées à la rencontre de Chérif lors de la dédicace de son livre Je suis debout (Le Cherche-Midi), publié en 2011. L'une, qui se présente comme ayant "une certaine expérience avec les personnes en détresse", publie régulièrement en ligne des articles contestant les décisions des cours d'assises de Saint-Omer et Paris. L'avocat Eric Dupond-Moretti a profité de l'audience pour régler ses comptes avec cette activiste qui répond au pseudo de @caprouille sur Twitter et qui le "pourrit d'insultes depuis cinq ou six ans".
Homayra Sellier est quant à elle la présidente de l'association Innocence en danger. C'est elle qui a alerté le parquet de Douai sur la prescription imminente du renvoi de Daniel Legrand devant une cour d'assises des mineurs. C'est elle, également, qui a financé à hauteur de 70% le documentaire de Serge Garde, Outreau, l'autre vérité, diffusé en 2013. "Il était primordial qu'il y ait un autre regard. Il n'y a pas de monopole sur la vérité d'Outreau", fait-elle valoir à la barre. "Et la vérité judiciaire, madame !" s'emporte Eric Dupond-Moretti.
Devant la cour, la présidente d'Innocence en danger se défend toutefois d'être responsable de la tenue de ce procès. "Notre association n'a aucun pouvoir d'imposer quoi que ce soit de cette nature Si ce procès se tient dix ans après, ce n'est pas la faute d'Innocence en danger." Et d'ajouter : "Je n'ai aucun autre intérêt aujourd'hui que le fait de pouvoir aider ces garçons à tourner la page."
"Vous éprouviez des sentiments d'amour pour Chérif"
"Je n'ai jamais poussé les garçons ni dans un sens ni dans un autre, je les ai mis en contact avec les avocats qui ont cherché à les rencontrer", soutient de son côté Laurence Gratton, ajoutant ne pas être là "pour parler de [s]on militantisme en tant que @caprouille mais pour témoigner en tant que Laurence Gratton, qui a accueilli chez elle les enfants Delay".
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