Ily a bien eu "plusieurs défaillancesobjectives " dans le dossier MohamedMerah. Voilà la conclusion des deux rapporteurs de l'Inspectiongénérale de la police nationale. Le texte de 17 pages, rendupublic mardi par le ministère de l'Intérieur, synthétise des entretienspassés avec la plupart des acteurs du dossier Merah, de la surveillance àl'intervention des policiers du RAID.Quellessont "les défaillances objectives " ?Lerisque Merah minimisé de fait Lasurveillance. Mohamed Merah a été repéré par les services de renseignement en Mais ces derniers passent à côté de la radicalisation du jeune homme. Unpassage passé inaperçu, d'après l'IGPN, en raison d'un séjour en prison et de ladésactivation "inopportune " de sa fiche "S" (comme sûreté del'Etat).Lenom du jeune islamiste toulousain réapparaît en 2010 à son retour d'Afghanistan.Une enquête datée de mi-2011 le présente comme un islamiste méfiant.L'évaluation qui s'ensuit est également pointée du doigt par le rapport. "Délai de réaction de lacentrale " liée à "la charge de travail ", "attentisme du servicetoulousain ", et des agents "mal préparés " lors d'un entretien avec Mohamed Merah. Enjanvier 2012, le profil de Merah n'est plus "une priorité d'action pour lesservices de renseignements ".Des cloisonnements persistantsLa procédure judiciaire s'ouvre en mars 2012 et lesdeux rapporteurs expliquent manquer de recul sur ses conclusions. Mais une chose est sûre pour eux, c'est le sentiment " que des cloisonnementspersistaient entre services, notamment entre police judiciaire et renseignementsintérieur " .L'opération du RAIDLe 20 mars dernier, lespoliciers en observation manquent la sortie et " le retour tardif " de Mohamed Merahà son domicile. Et ce, en raison de " la fréquentation du quartier " et "desconditions météorologiques " . Quand ils interviennent, les hommes du RAID pensentdonc que le tueur au scooter dort. Ce qui n'est pas le cas. Ils l'apprendront aumoment des premiers coups de feu. Un moment qui " déstabilise le dispositif " .D'après le texte, cette " défaillance objective pose plusieurs questions, tant entermes de pilotage et de coordination du dispositif de surveillance, que dechoix des équipes à engager ". Que propose le rapport ? La surveillanceIl faut revoir la procédure de fichage. Notamement sur la procédure de radiation de ces fiches "S". Le texte réclame par ailleurs la mise en place " d'une détection pérventive dans le domaine financier " .Les voyages à l'étrangerLes deux rapporteurs réclament que le suivi des voyages de Français vers les 31 destinations jugées sensibles soit renforcé. Notamment pour les voyages qui se font de façon indirecte. Pour cela, il faudrait un système pour analyser les données de voyageurs.Intention terroriste individuelle?Pour éviter la radicalisation via les sites et les forums sur Internet, le rapport préconise la mise en place d'un cadre juridique pour la surveillance du web. " Faut-il aller plus avant en essayant de trouver une incrimination qui s'approche au plus près de l'intention terroriste individuelle? "Améliorer l'éfficacité du Renseignement intérieurPour éviter le loupé lié au débriefing de Mohamed Merah, le rapport demande des recrutements d'analystes, de juristes et de psychologues pour mieux cerner les cibles potentielles. L'IGPN souhaite aussi la mise en place d'un véritable outil d'audit des services de renseignements.Les réactionsA la lecture de ce rapport, Samia Maktouf, l'une des avocates des familles des militaires tués par Mohammed Merah, avoue n'être "pas beaucoup plus avancée" . Elle explique, "ce que veulent nos clients, c'est qu'il y ait un jour un procès" , et pour que ce soit le cas, rappelle l'avocate, "il faut que l'incrimination et l'implication de (...) Merah, de la fraterie, de la maman de tout l'entourage de Mohammed Merah soient clarifiées" .Oeuvres liées{% document %}