L'avortement clandestin provoque "la mort d'une femme toutes les neuf minutes dans le monde"
La co-présidente du Planning familial, Véronique Sehier, invitée de franceinfo jeudi 6 octobre, a alerté sur le risque de supprimer le droit à l'avortement, alors qu'en Pologne, les députés doivent se prononcer sur l'interdiction quasi totale de l'IVG.
En Pologne, la commission parlementaire a rejeté le projet de loi interdisant presque complètement l'avortement, après les manifestations de ces derniers jours qui ont réuni 100.000 personnes. Le texte doit être soumis au vote des députés jeudi 6 octobre. "Les femmes et les hommes sont prêts à se battre jusqu'au bout. C'est une bataille, mais ce n'est pas la guerre", a réagi jeudi sur franceinfo Véronique Sehier, co-présidente du Planning familial.
franceinfo : quel est le cadre de cette loi ?
Véronique Sehier : La loi sur l'avortement en Pologne est très restrictive. Elle est autorisée seulement dans trois cas : s'il y a un risque pour la vie et la santé de la mère, en cas de viol ou d'inceste ou en cas de pathologie irréversible chez l'embryon. Le projet de loi visait à l'interdire totalement. On espère qu'en Pologne, la commission parlementaire va influencer le Parlement, mais nous restons mobilisés parce qu'il est peut-être question d'interdire tout de même l'avortement dans un de ces cas.
Combien y a-t-il d'avortements clandestins en Europe ?
Les chiffres précis en Europe ne sont pas connus, mais on sait qu'un avortement sur deux dans le monde se fait de façon clandestine. 47.000 femmes meurent [chaque année] des suites d'un avortement clandestin, soit une femme toutes les neuf minutes dans le monde, en grande partie en Afrique. En Amérique latine, bien que l'avortement soit interdit dans de nombreux pays, les femmes utilisent plutôt les pilules abortives. Mais tout de même, c'est une cause de mortalité pour les femmes.
Peut-on imaginer un droit fondamental sur l'avortement ?
Ces droits devraient être inscrits comme des droits fondamentaux dans la Charte européenne, mais beaucoup d'États rechignent. Ils veulent garder la main sur ce sujet. Pourtant, il serait vraiment important que l'Europe se positionne clairement. Il n'est pas acceptable qu'une femme en Pologne ou en Irlande n'ait pas les mêmes droits qu'une femme en France ou dans un autre pays.
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