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Interpellations au lycée Arago à Paris : un jeune porte plainte pour violences volontaires et détention arbitraire

Ce lycéen dénonce le traitement subi en mai dernier, après l'intervention des CRS qui sont venus déloger les manifestants du lycée Arago, à Paris. 

Article rédigé par franceinfo - Avec France Inter
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un lycéen dénonce le traitement subi en mai 2018, après l'intervention des CRS qui sont venus déloger les manifestants du lycée Arago.  (HELENE PARISY / CROWDSPARK)

Un mois après la brève occupation du lycée parisien Arago (12e arrondissement de Paris), en marge d'une manifestation de fonctionnaires, un adolescent de 17 ans a porté plainte pour "violences volontaires et détention arbitraire", ont appris jeudi 28 juin franceinfo et France Inter auprès de son avocate.

Ce lycéen, qui vient de passer son bac de français et n'a pas envie d'être reconnu, dénonce le traitement subi le 22 mai dernier, après l'intervention des CRS qui sont venus déloger les manifestants du lycée Arago. Interpellé, fouillé puis conduit dans un car de police, il y a passé plus de sept heures, sans pouvoir aller aux toilettes ni obtenir à boire.

Des "conditions inconcevables"

Le lendemain, le lycéen écope d’un rappel à la loi pour cette intrusion. Mais son père, joint par France Inter, estime que la police en mérite un aussi : "C’est un garçon assez discret, il n’est pas très démonstratif mais c’est quelque chose qui l’a marqué. Ce sont des conditions qui sont totalement inconcevables : sans aller aux toilettes, il faisait excessivement chaud, ils étaient à 60 dans un bus qui était prévu pour beaucoup moins."

Selon ce témoignage, les lycéens retenus dans ce bus n'ont pas été informés par les policiers de ce qui les attendait. "On ne leur a pas notifié ce qui leur arrivait, pourquoi ils étaient là, combien de temps ça allait durer, on les a plus ou moins menés en bateau en leur disant 'ne vous inquiétez pas, on prend votre identité et vous ressortez'", dénonce le père du lycéen.

J’espère qu’il y a quelques personnes qui seront convoquées pour des explications.

le père du lycéen

"On l’a traité de crétin, d’abruti. Moi, ce qui me ferait plaisir, c’est qu’effectivement les personnes qui ont été concernées dans cette affaire (...) aient un rappel à la loi, et si le rappel à la loi pouvait être en notre présence ce serait parfait !", a-t-il ajouté.

Près de 120 jeunes avaient été interpellés ce soir-là, parqués dans des bus avant de finir la nuit en garde à vue. Un traitement qu’un collectif de parents juge disproportionné, et même illégal.

Du point de vue du droit, le problème c’est aussi que l’adolescent n’a pas pu voir d’avocat et que sa garde à vue lui a été notifiée très tard, dénonce son avocate, Jade Dousselin : "On a une interpellation à 20 heures et une notification qui n’intervient qu’à 4 heures du matin. Pendant tout ce laps de temps, ce jeune homme de 17 ans est placé dans un bus. Dans ces conditions, je considère qu’à aucun moment on ne pouvait les garder à disposition".

Je considère qu’il y a une détention arbitraire.

L'avocate du lycéen

L'avocate appelle la justice à "faire la lumière" sur ces évènements, rappelant qu'une garde à vue répond à des règles. "Ces choses-là ne doivent plus se reproduire", ajoute Jade Dousselin. "À 17 ou 18 ans, nous avons le droit d’avoir des idées politiques et de manifester, les forces de police ont le droit de faire leur travail, mais chaque chose doit se faire dans le respect du droit et le droit n’a pas été respecté."

Des circonstances "insurmontables" ?

Une source judiciaire jointe par France Inter met en avant les difficultés pratiques rencontrées ce soir du 22 mai. Les jeunes interpellés avaient, en effet, dû être répartis, pour leurs gardes à vue, sur une vingtaine de commissariats. Me Jade Dousselin rappelle dans sa plainte que selon le Code pénal, "toute personne placée en garde à vue est immédiatement informée [...] de la nature de l’infraction sur laquelle porte l’enquête", et de ses droits, comme le droit de faire appel à un avocat.

La Cour de cassation a estimé que "tout retard dans la mise en œuvre de cette obligation, non justifié par des circonstances insurmontables, porte nécessairement atteinte aux droits de la personnes concernée". Jusqu’ici, le nombre d’interpellations et les difficultés alléguées pour traiter les gardes à vue dans cette affaire semble pourtant bien constituer, pour le parquet de Paris, des "circonstances insurmontables".

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