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Insécurité et immigration à Mayotte : le gouvernement doit "joindre le discours aux actes et accepter une véritable co-construction avec les Mahorais eux-mêmes"

"Il faut des solutions qui ne sont pas dictées du haut vers le bas", a souligné Mansour Kamardine, député LR de Mayotte, alors que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est à Mayotte pour trois jours. 

Article rédigé par franceinfo
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Le député Les Républicains Mansour Kamardine, à l'Assemblée nationale, le 26 novembre 2019. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Le gouvernement peut rétablir la sécurité et limiter l'immigration "s'il joint le discours aux actes et en acceptant une véritable co-construction avec les Mahorais eux-mêmes", a expliqué ce dimanche 21 août sur franceinfo Mansour Kamardine, député LR de Mayotte. Gérald Darmanin est à Mayotte pour trois jours où l'insécurité et l'immigration sont très fortes.

franceinfo : Pensez-vous que le gouvernement peut réussir à rétablir la sécurité à Mayotte ?

Mansour Kamardine : Le gouvernement a toutes les chances de réussir s'il joint le discours aux actes et en acceptant une véritable co-construction avec les Mahorais eux-mêmes. Jusqu'ici l'Etat nous a toujours dit ce qui était bon pour nous sans jamais tenir compte des propositions que nous faisons. Nous n'avons pas fait d'école de guerre ou de police, mais nous connaissons le terrain. Il faut des solutions qui ne sont pas dictées du haut vers le bas mais tirées du terrain et qu'elles soient dérogatoires aux solutions de droit commun qui sont souvent suggérées. La situation de Mayotte n'est pas celle de Paris, ou celle de Toulouse.

Un projet de loi avait déjà été proposé en début d'année, pourquoi a-t-il été rejeté par les élus locaux ?

Parce que ce n'était pas de la co-construction. C'était quelque chose dicté d'en haut et qui ne correspondait en rien à nos attentes. Ce que nous voulons ici c'est la lutte contre la pauvreté, l'amélioration du taux d'équipement de ces territoires. Depuis dix ans que nous sommes département, il n'y a pas une seule infrastructure porteuse de développement durable qui a été construite ici. Au contraire, on nous propose des politiques qui conduisent l'effet inverse de ce qui est recherché. Quand on dit qu'on lutte contre l'immigration, on prend des décisions qui favorisent l'immigration, quand on dit ici qu'on prend des mesures pour lutter contre les violences, on prend des mesures qui produisent l'effet inverse et encouragent les violences.

L'immigration et l'insécurité sont donc liées ?

Ce n'est pas moi qui fais ce lien c'est le gouvernement lui-même. Regardez les déclarations, y compris de Gérald Darmanin, qui ont été faites. Il vient à Mayotte pour la deuxième fois et je crois qu'il est acquis pour tout le monde qu'il y a une relation étroite entre l'immigration et l'insécurité.

Gérald Darmanin vient évaluer de nouveaux moyens de répression de la délinquance et de l'immigration avec notamment un centre éducatif fermé. Est-ce une bonne chose ?

C'est une bonne orientation mais il faut nous écouter et faire ce que nous suggérons. C'est-à-dire replacer la police de l'Air et des frontières là où il faut, à l'entrée même de l'immigration, au Nord. Il faut mettre des drones qui surveillent, modifier le droit d'accès à la nationalité, au regroupement familial. Il faut vraiment sortir des logiques de droit commun. À Mayotte, plus de 52% de la population est en situation irrégulière et dans cinq ans 90% des enfants dans les écoles seront issus de l'immigration. On est en train de participer au remplacement de la population et cette perspective nous heurte au plus profond.

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