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Violences sexuelles à CentraleSupélec : "Il y a un environnement qui n'est pas propice à la libération de la parole", selon une association

La procédure disciplinaire pour harcèlement ou agression sexuelle est "très inefficace", dénonce sur franceinfo ce vendredi, Iris Maréchal, porte-parole et présidente de l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Campus de l'école CentraleSupélec, à Saclay (Essonne), le 31 août 2017. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

"Ce qui est très inquiétant, c'est que l'école indique qu'elle n'a jamais entendu parler de violences, a réagi vendredi 8 octobre sur franceinfo, Iris Maréchal, porte-parole et présidente de l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur, ce qui montre que c'est un environnement qui n'est pas vraiment propice à la libération de la parole", après l'ouverture d'une enquête par le parquet d'Evry pour une centaine de faits de harcèlement sexuel, agressions sexuels et viols au sein de l'école d'ingénieurs CentraleSupélec. "Les étudiants sont peu au courant des différences entre agressions sexuelles et viols. Il y a une omerta sur le sujet".

franceinfo : Comment réagissez-vous à cette enquête préliminaire ouverte pour viols, harcèlement sexuel, agressions sexuelles au sein de la prestigieuse école CentraleSupélec ?

Iris Maréchal : On parle de 28 étudiants victimes de viols et 71 victimes d'agressions sexuelles. Ce sont des résultats alarmants mais pas surprenants parce que notre enquête nationale avait montré les mêmes chiffres, les mêmes proportions. Nos chiffres étaient similaires dans l'ensemble des établissements de l'enseignement supérieur, écoles de commerce, d'ingénieurs, universités et IUT. Ce qui est très inquiétant, c'est que l'école indique qu'elle n'a jamais entendu parler de violences, ce qui montre que c'est un environnement qui n'est pas vraiment propice à la libération de la parole. C'est quelque chose sur lequel il faut absolument travailler. Il faut que les établissements d'enseignement supérieur le reconnaissent.

Pourquoi la parole ne se libère-t-elle pas ?

Il faut essayer de comprendre les procédures déjà en cours [pour harcèlement sexuel ou agression sexuelle] parce ce qui remonte de la part des étudiants c'est que la procédure disciplinaire mise en place est très inefficace car c'est la même que pour les cas de fraude aux examens. C'est une procédure qui n'incite pas les victimes à parler. En tant que victime c'est extrêmement dur de parler de ce qu'on a subi. Il y a un manque d'éducation sur le sujet. Il faut mettre des mots et identifier les violences qu'on a subies. Les étudiants sont peu au courant des différences entre agressions sexuelles et viols. Il y a une omerta sur le sujet.

L'omerta que vous évoquez est-elle plus forte dans les grandes écoles qu'à l'université ?

Ce sont des choses différentes parce que les contextes sont différents. Les grandes écoles ne connaissent pas le même type de violences que dans les universités. Dans les grandes écoles, il y a souvent des campus avec des violences qui ont lieu lors des soirées d'intégration, ce sont des choses qu'on retrouve moins en université. Sur ces questions il y a urgence, car il y a un besoin d'actions dès maintenant. Il y a par ailleurs un sentiment d'impunité qui va favoriser les agressions et les victimes quand elles parlent elles sentent qu'elles ne sont pas écoutées par leur établissement.

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