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Plainte d'Adèle Haenel contre Christophe Ruggia : "Personne n'a émis l'hypothèse folle que, peut-être, mon client serait innocent", estime son avocate

L'avocate du réalisateur était l'invitée de franceinfo mercredi. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Christophe Ruggia en octobre 2015. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

"Cette plainte d'Adèle Haenel n'est ni un évènement, ni une surprise", a réagi maître Fanny Colin, l'une des avocats de Christophe Ruggia, mercredi 27 novembre sur franceinfo. Elle dénonce un "tribunal médiatique" de son client et estime que "personne n'a émis l'hypothèse folle que, peut-être, monsieur Ruggia serait innocent". Adèle Haenel a porté plainte mardi, un mois après avoir pris la parole pour dénoncer les "attouchements et le harcèlement" qu'elle aurait subi de la part du réalisateur lorsqu'elle était mineure. L'actrice a été entendue par la police dans la nuit de mardi à mercredi. 

franceinfo : Comment Christophe Ruggia a-t-il accueilli cette décision ?

Fanny Colin : Ce qu'il faut rappeler, c'est que la plainte de madame Adèle Haenel n'est pas un événement en soi, ni une surprise. Une plainte a pour objectif de déclencher une enquête judiciaire. Dans le cas dont nous parlons, cette enquête judiciaire a été ouverte à l'initiative du procureur de la République, il y a déjà plusieurs semaines. Cette plainte ne change rien puisque l'enquête était lancée et que personne ne pouvait sérieusement imaginer que Mme Haenel, sauf à décrédibiliser ses accusations, n'aurait refusé de s'associer au processus judiciaire.

Est-ce que votre client est prêt à être entendu par les enquêteurs ?

Naturellement. L'ouverture d'une enquête à l'initiative du parquet est une bonne chose. Parce qu'il ne faut pas s'y tromper : en prenant cette décision, qui est rarissime, la justice n'a pas, comme elle l'a déclaré, voulu faire un pas envers Adèle Haenel, mais a considéré inacceptable qu'un homme soit exécuté publiquement sans avoir été entendu ni même, bien sûr, avoir été jugé. Il faut rappeler qu'en moins de 24 heures, Christophe Ruggia a été exclu sans sommation de son milieu professionnel, mise au ban de la société, son nom jeté en pâture sur les réseaux sociaux, tout ça sans avoir été entendu, sans avoir pu se défendre.

Il y a quand même une vingtaine de témoignages qui corroborent les accusations d'Adèle Haenel, ce n'est pas juste une accusation parole contre parole...

Mais je n'ai pas connaissance, et Christophe Ruggia lui-même n'a pas connaissance du contenu de ces témoignages. Personne ne sait - en tout cas pas nous - la manière dont la journaliste de Mediapart a mené cette enquête. Quelles sont les questions qui ont été posées ? N'y avait-il pas un parti pris dès l'origine ? C'est pour cela que la libération de la parole de la femme, qui est une nécessité absolue, ne peut être réalisée que dans le cadre judiciaire.

Vous avez l'impression qu'il est déjà condamné médiatiquement ?

Absolument. Sa mort sociale a été prononcée. On a le sentiment d'assister à la chronique d'une condamnation judiciaire, annoncée par le communiqué particulièrement choquant des avocats d'Adèle Haenel. Ce communiqué, il consiste à dire à l'autorité judiciaire : "Vous devez condamner Christophe Ruggia. Quels que soient les éléments que vous recueillerez, quels que soient les témoignages, il doit être condamné parce que sinon, Mediapart, Adèle Haenel et ses avocats ne manqueront pas de crier que la justice méprise les victimes et qu'ils avaient donc bien raison de s'en méfier". C'est une prise d'otage de l'institution judiciaire, on n'autorise pas monsieur Ruggia à se défendre parce que personne n'a émis, en tout cas pas à ma connaissance, l'hypothèse folle que peut-être monsieur Rugissent serait innocent.

Mais votre client a demandé "pardon", dans un droit de réponse qui a été communiqué à Médiapart : pardon pour quoi ?

Pas de contresens sur ce point. Naturellement, il s'est interrogé sur les raisons pour lesquelles de telles accusations, qu'il conteste, ont été portées contre lui. Et donc, il a émis l'hypothèse que peut-être la relation qu'il a entretenue avec Adèle Haenel à l'époque - et qui n'était pas absolument pas une relation telle que celle qui a été présentée, c'est-à-dire assortie d'attouchements sexuels ou de harcèlement sexuel - avait pu être mal vécue à l'époque par cette jeune fille. Et si tel était le cas, c'est ce qu'il a écrit, alors il lui demande pardon.

Est-ce que votre client va prendre la parole ?

Non, il ne prendra pas la parole. Il n'est pas question d'entrer dans ce jeu du tribunal médiatique. Il prendra la parole dans le cadre, je le redis une nouvelle fois, de l'enquête judiciaire qui est secrète et qui est le seul cadre qui permet de préserver les droits de chacune des parties, parce que Mme Haenel a des droits, mais Christophe Ruggia aussi.

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