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Info franceinfo Violences faites aux femmes : les policiers et gendarmes davantage formés à l'accueil des victimes de l'industrie du porno

A l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, un livret appelle les policiers et gendarmes amenés à recevoir les plaintes de victimes de ce milieu à "lutter encore davantage contre les préjugés et les a priori sur cet environnement".
Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation feministe organisée par le collectif feministe #NousToutes, le 19 novembre 2022, à Paris. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)

Les policiers et gendarmes vont être davantage formés à l'accueil des victimes de l'industrie du porno, selon un document distribué par le ministère de l'Intérieur aux commissariats et aux gendarmeries que franceinfo a pu consulter en partie. C'était "nécessaire", est-il écrit dans ce livret.


En moyenne en 2021, les sites spécialisés comptent 19,3 millions de visiteurs uniques par mois en France. Ce document "très concret et détaillé a été mis à la disposition de tous les agents" dès la semaine du 13 novembre, "pour leur permettre, outre une meilleure connaissance et un meilleur traitement procédural des infractions concernées, d'accompagner surtout au mieux les victimes de violences sexistes et sexuelles". Il explique que la DGPN et la DGGN ont enrichi la documentation existante avec le milieu de la pornographie afin de "mieux connaître cet écosystème, expliquer les mécanismes psychologiques à l'oeuvre dans ce type de violences".

Ne pas banaliser ou minimiser les faits


Le livret appelle les policiers et gendarmes amenés à recevoir les plaintes de victimes de ce milieu à "lutter encore davantage contre les préjugés et les a priori sur cet environnement". Ainsi, le document leur demande de "ne pas banaliser ou minimiser les faits", et de "garder à l'esprit le traumatisme de la victime". A cet effet, insiste le ministère de l'Intérieur, il faut que l'accueil d'une victime de violences sexuelles dans le milieu du X soit reçue comme "toute victime de violences sexuelles : soutien, réassurance, valorisation de la démarche, questions factuelles, information des droits".

Le ministère de l'Intérieur indique que tout jugement moral est "à proscrire", tout comme la "mise en doute de la réalité des faits, l'absence d'information sur la suite de la procédure". "Le contexte pornographique ne doit pas modifier le traitement des violences sexuelles", est-il écrit. Concernant le consentement, qui peut être un point particulièrement délicat dans ce milieu, le document prévient les policiers et gendarmes qu'"il peut avoir été donné pour certaines scènes ou pratiques", mais qu'"il ne vaut pas accord global : il peut aussi être retiré à tout moment".

Des violences sexuelles dans toute la chaîne de l'industrie pornographique

Dans ce livret, un avocat témoigne de façon anonyme et raconte que "le mode opératoire est toujours le même : il consiste à violer une première fois pour soumettre les victimes, ensuite elles vont moins opposer de résistance, ce qui rendra plus difficile de définir et qualifier le viol par la suite". Une victime, elle aussi anonyme, témoigne également et parle d'une "sorte de soumission totale" dans laquelle sont certaines actrices : "le but, c'est qu'on obéisse", raconte-t-elle.

Enfin, le ministère de l'Intérieur demande aux policiers et gendarmes de prêter une attention particulière à la "situation sociale de la victime, ses moyens de subsistance, son contexte familial, ses conditions de recrutement, sur le chantage éventuel dont elle est victime, a-t-elle été amenée de l'étranger". Le document pointe du doigt le fait que "les violences sexuelles dans le contexte de la pornographie ne sont pas forcément que le fait des auteurs de l'acte, mais de toute la chaîne impliquée, parfois dès le recrutement".

La preuve : pour la première fois, 17 acteurs, réalisateurs et producteurs sont renvoyés devant la cour criminelle de Paris pour viols et traite d'être humains en bande organisée. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à un système de violences sexuelles lors de tournages pour la plateforme pornographique "French Bukkake". Cela concerne des dizaines de femmes.

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