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Harcèlement sexuel à l'hôpital : un médecin "voulait m'apprendre la vie" témoigne une jeune interne

Une étude avec 2 946 participants portant sur le sexisme à l'hôpital révèle que 6,6% d'entre eux disent avoir été victimes de harcèlement sexuel. C'est le cas d'une interne qui témoigne de comportements déplacés de la part de sa hiérarchie.  

Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'intersyndicale nationale des internes a mené une étude du 2 septembre au 16 octobre 2017 sur le harcèlement sexuel à l'hôpital (illustration). (MAXPPP)

Une étude, menée avec 2 946 participants, portant sur le sexisme à l'hôpital, révèle que 6,6 % d'entre eux ont été victimes de harcèlement sexuel. Les participants à l'enquête sont des internes en médecine, hommes et femmes. L'étude, consultée par franceinfo vendredi 17 novembre, a été menée via un questionnaire sur internet par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni).

Peu de procédures à l'issue des faits

Selon les réponses au questionnaire, 48% des auteurs de ces faits relevant du harcèlement sexuel sont des médecins ou supérieurs hiérarchiques de l'interne, dont 10% de chefs de service. Dans 28,8% des cas, ces faits relevant du harcèlement sexuel ne donnent lieu à aucune "verbalisation". Dans seulement 0,15% des cas, une procédure juridique a été initiée. Pour ne pas compromettre sa carrière, Sophie*, interne en médecine témoigne anonymement. Elle se souvient d'une garde dans un service de gynécologie et du comportement déplacé d'un médecin.

J'étais en train d'examiner une patiente. Il est entré dans la salle en me disant qu'il allait me donner une leçon sur 'comment ça se passe en gynéco'. 'Toute fille qui te dit qu'elle est vierge, c'est une salope, comme toutes les femmes'.

Sophie, interne en médecine

à franceinfo

L'interne explique qu'elle a été prise à partie par ce chef de service, qui voulait "lui apprendre la vie". Il a demandé à l'interne de gynécologie, dit-elle, de la bloquer pour essayer de baisser de force son pantalon de bloc opératoire.

Les femmes majoritairement victimes du sexisme "ordinaire" 

En matière de sexisme ordinaire (stéréotypes, blagues, remarques), sur les 2 946 participants, 60,8% des femmes se déclarent victimes contre 7,2% des hommes. Ce sexisme a lieu majoritairement à l'hôpital : au bloc opératoire (24,8%) et lors d'une visite hospitalière (22,2%). Sophie, interne en chirurgie, témoigne d'une conversation avec un anesthésiste, alors que les deux médecins parlaient  d'une patiente endormie. Elle lui a fait remarquer qu'il n'était pas correct qu'il commente le physique de cette patiente. "Il m'a répondu que j'étais certainement frustrée et qu'il avait un remède pour moi, qu'il pouvait m'emmener dans un hôtel pour régler mon affaire", raconte la jeune femme, précisant que les termes employés étaient autrement crus. À aucun moment Sophie n'a fait de signalement. Les hommes, dit-elle, avaient l'air de trouver ça normal.    

Les clichés persistent parmi les patients

Dans la relation interne/patient, lorsqu'un interne homme entre la chambre d'un patient, il est pris pour un infirmier dans 1,5% des cas contre 71,5% quand c'est une femme. Après s'être présenté, avoir expliqué au patient sa pathologie et l'avoir examiné, le patient va demander à voir le médecin dans 7,1% des cas s'il s'agit d'un interne homme contre 60,6% des cas s'il s'agit d'une interne femme. 

En France, on dénombre environ 30 000 internes en médecine : 10% d'entre eux environ ont participé à l'étude.

*Le prénom de l'interne en chirurgie a été modifié à sa demande.

L'étude a été menée via un questionnaire sur internet du 2 septembre 2017 au 16 octobre 2017 par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni).

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