Harcèlement sexuel à l'hôpital : "Seuls 0,15% des cas ont donné lieu à une suite judiciaire", pointe le syndicat des internes
Alizée Porto, de l'Intersyndicale nationale des internes à l'origine d'une étude portant sur le sexisme et le harcélement sexuel à l'hôpital, dénonce la banalisation des comportements avec des femmes qui ne se sentent pas victimes.
Selon une étude publiée vendredi 17 novembre par l'intersyndicale nationale des internes, plus de 60% des internes femmes interrogées se déclarent victimes de sexisme et 6,6% de harcèlement sexuel. Près de 3 000 internes ont répondu à cette enquête majoritairement des femmes. Invitée à réagir vendredi 17 novembre, sur franceinfo, Alizée Porto, vice-présidente chargée des droits des femmes, à l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), regrette le peu de suites judiciaires données à ces affaires.
franceinfo : Vous avez mené une enquête auprès des internes en médecine qui révèle le sexisme et harcèlement à l'hôpital. Pourquoi avez-vous réalisé cette étude ?
Alizée Porto : On a voulu faire une enquête et un état des lieux du sexisme. Notre étude a été envoyée à des internes : des hommes et des femmes ont répondu. On a des chiffres de harcèlement sexuel et du sexisme au quotidien qui sont impressionnants. Pour le harcèlement, 6,6 % des personnes interrogées se déclarent victimes de harcèlement. On a montré que dans la moitié des cas que le harcèlement sexuel et le sexisme quotidien étaient le fait d'un supérieur hiérarchique.
Le bloc opératoire semble être un des lieux où se produisent ces comportements déplacés. Comment l'expliquez-vous ?
Je ne sais pas exactement ce qui se passe. Moi-même, j'ai fait un internat de chirurgie, donc je connais ce milieu, je n'ai jamais compris pourquoi ce lieu était plus propice au harcèlement et au sexisme. C'est juste un fait. Dans un quart des cas, le sexisme au quotidien se déroule au bloc opératoire. J'ai du mal encore à me sentir victime, car il y a une banalisation. J'ai eu des remarques lors de mes études. Je n'ai pas envie de trouver des excuses à ces comportements. Il n'y a pas d'excuse à trouver.
Concrètement, comment est-ce que cela se traduit-il ?
Les internes qui choisissent chirurgie sont encore majoritairement des hommes alors qu'actuellement, la majorité des étudiants en médecine sont des femmes. Dans les carrières hospitalo-universitaires et pour l'accès à des hautes responsabilités, il reste encore un plafond de verre. Par ailleurs, dans nos résultats, plus de 80% des femmes interrogées répondent avoir subi des gestes sexistes au quotidien, des blagues, des remarques, de manière répétée. Sur ces 80%, la moitié de ces femmes ne se considèrent pas comme victimes, comme si ces comportements s'étaient banalisés et que, finalement, cela faisait partie de l'ambiance générale. Et puis, il y a un chiffre impressionnant : seuls 0,15% des cas de harcèlement sexuel ont donné lieu à une suite judiciaire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.