Guadeloupe : un mois de grève, un mort
Jacques Pino, un membre du "collectif contre l'exploitation" (LKP) qui revenait en voiture d'un piquet de grève, a été atteint à la poitrine d'une balle "tirée par la fenêtre ouverte du passager" , a affirmé le procureur de Pointe-à-Pitre, Jean-Michel Prêtre. Trois policiers qui accompagnaient des pompiers venus porter secours à la victime ont été légèrement blessés. Selon le maire de Baie-Mahault (10 km de Pointe-à-Pitre), trois gendarmes ont aussi été légèrement blessés dans sa ville. Dès avant l'annonce du drame, le leader du LKP, Elie Domota, avait lancé un appel au calme.
Plusieurs centaines de manifestants, dont le leader du LKP, Elie Domota, ont entamé une marche silencieuse vers le quartier Henri IV de Pointe-à-Pitre, à l'endroit où le syndicaliste Jacques Bino a été tué . M. Domota était entouré d'un très important service de sécurité. Un portrait de Che Guevara et de très nombreux drapeaux rouges de la CGT-G flottaient au-dessus de sa tête.
Nicolas Sarkozy a évoqué ce soir la situation en Outre-mer, pour la première fois depuis le début des grèves en Guadeloupe. "Dès demain (jeudi), je recevrai les élus d'Outre-mer pour répondre à l'angoisse, à l'inquiétude et à une certaine forme de désespérance de nos compatriotes des territoires d'Outre-mer", a déclaré M. Sarkozy à la toute fin de son allocution radio-télévisée consacrée à la présentation des mesures anti crise. "A l'issue de cette rencontre, le président de la République fera une déclaration sur RFO", précise l'Elysée dans un communiqué.
Les images des barrages routiers, des magasins en flammes et l'annonce de la mort du syndicaliste Jacques Bino ont provoqué un électrochoc en métropole mercredi. Les appels au calme et à la responsabilité se sont multipliés, les syndicats conviés à l'Elysée pour un sommet social ont exigé de commencer leurs discussions par la Guadeloupe et le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Yves Jégo, juge possible un accord salarial dès cette semaine.
La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie a justifié l'envoi de renforts de force de l'ordre par la nécessité de faire face à un conflit "qui s'apparente désormais à des violences urbaines". Elle a instauré une réunion quotidienne sur la sécurité aux Antilles. A l'issue de la première, elle a annoncé que "quatre escadrons de gendarmes mobiles", soit 280 militaires, allaient rejoindre la Guadeloupe dès mercredi soir. Quelque 1.000 gendarmes et autant de policiers sont déjà sur place.
Le parallèle entre la situation actuelle de l'île et les émeutes urbaines de novembre 2005 en métropole est "absolument valable", souligne Patricia Braflan-Trobo, qui dirige une agence nationale pour l'emploi (ANPE) depuis 18 ans. Dans une île où le taux de chômage des jeunes entre 16 et 20 ans dépasse les 40% en Guadeloupe, "on retrouve les mêmes causes: une colère cachée mais qui bouillonne, des jeunes massivement au chômage et un sentiment d'abandon".
Caroline Caldier avec agences
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