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Vidéo Féminicide de Mérignac : un rapport pointe une "suite de défaillances" dans le suivi du mari violent

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Féminicide de Mérignac : "Une suite de défaillances" dans le suivi du mari
Féminicide de Mérignac : "Une suite de défaillances" dans le suivi du mari Féminicide de Mérignac : "Une suite de défaillances" dans le suivi du mari (FRANCE 2)
Article rédigé par France 2, Eric Pelletier
France Télévisions

Selon les informations de France Télévisions, le meurtrier présumé, déjà condamné pour violences conjugales, s'était présenté deux fois au service de probation alors qu'il était recherché. L'information de sa présence n'a pas été communiquée à la police. 

C'est un point d'étape mais il en dit déjà beaucoup. Un pré-rapport sur le féminicide de Mérignac (Gironde) se trouve depuis mercredi 12 mai entre les mains des ministres de l'Intérieur et de la Justice. Le 4 mai, Chahinez Daoud, 31 ans, mère de trois enfants, a été brûlée vive en pleine rue par son ex-conjoint, un homme qui avait déjà été condamné à une peine de prison aménagée pour violences conjugales.

Il était recherché pour avoir une nouvelle fois agressé la victime en mars dernier. Selon les informations de France Télévisions, ce "rapport d'étape" pointe d'ores et déjà des failles imputables aux deux institutions, policière et judiciaire. Plusieurs occasions d'arrêter le mari violent ont en effet été manquées.

Un défaut de communication

S'agissant de la justice, le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) est pointé du doigt. Ce dernier a bien été averti par le commissariat que l'homme était recherché. Pourtant, lorsqu'il s'est présenté à deux rendez-vous dans le cadre de son suivi pénitentiaire, personne n'a prévenu les policiers de sa présence dans les locaux. Un défaut de communication de la justice envers la police, donc. La mission dénonce aussi les manques en matière d'information aux victimes : Chahinez Daoud n'avait pas été avertie de la sortie de prison de son ex-conjoint, selon le document.

S'agissant du volet policier, le rapport estime que le travail a été correctement effectué au moment de la prise de plainte après l'agression de la mi-mars. La plaignante aurait été recontactée par un fonctionnaire du commissariat pour s'assurer que tout allait bien. Des vérifications ont été faites à l'adresse déclarée par le mari violent. Il ne s'y trouvait pas. Aucun dysfonctionnement jusque-là.

Un esclandre sans suite au commissariat

Mais les premières conclusions du rapport dévoilent un raté intervenu après cette prise de plainte et qui, lui, pose de nombreuses questions. Alors qu'il était recherché, le mari violent s'est en effet rendu au commissariat pour réclamer de pouvoir voir ses enfants. Il était passablement énervé, comme l'indique le document. Il aurait laissé son nom à l'agent d'accueil. Le ton est rapidement monté. Face à cet esclandre au sein de l'hôtel de police, le fonctionnaire chargé de la prise de plainte est sorti de son bureau et a exigé du perturbateur qu'il quitte les lieux. Ce dernier a été expulsé sans autre forme de procès. Et surtout sans vérification d'identité. Personne n'a fait le lien avec le mari violent.

Selon une autre source ayant eu accès à l'audit, cet incident relève d'un "malheureux concours de circonstances". Les procédures actuelles ne prévoient pas que les noms des personnes se présentant à l'accueil d'un commissariat soient croisées avec les fichiers de police. "Les procédures ont été respectées. Il n'y a pas de faute personnelle, mais on peut s'interroger sur une faille systémique, poursuit cette même source. A l'avenir, peut-être faudra-t-il passer au fichier chaque personne qui entre dans un commissariat, même un simple plaignant." 

Les conclusions définitives de l'Inspection générale de l'administration et de l'Inspection générale de la justice sont attendues le 10 juin. Elles visent à "caractériser ces dysfonctionnements et proposer les initiatives propres à y remédier", selon un communiqué commun des ministères de la Justice et de l'Intérieur.

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