Féminicide de Mérignac : les parents de Chahinez "ont raison de demander des comptes"; estime l'avocate Anne Bouillon
Alors que la reconstitution du meurtre de Chahinez Daoud a lieu mercredi 24 mai à Mérignac près de Bordeaux (Gironde), l'avocate nantaise Anne Bouillon, spécialisée en droit des femmes et de la famille, estime sur franceinfo que les parents de la victime "ont raison de demander des comptes". Djohal et Kamel Daoud ont engagé il y a deux mois une procédure à l’amiable contre l’État.
Chahinez Daoud, une mère de famille de 31 ans, a été tuée brûlée vive par son ex-compagnon le 4 mai 2021, à Mérignac, après avoir déposé plusieurs plaintes contre lui. "On ne s'habitue pas à cette douleur, à cette horreur", réagit Anne Bouillon. L'avocate estime que ses parents ont raison d'engager une procédure.
"Les femmes ne meurent pas par hasard, elles meurent parce qu'elles ont affaire à des hommes violents mais également parce qu'il y a des défauts dans la prise en charge de la protection."
Anne Bouillon, avocateà franceinfo
"Elles ne trouvent pas ce qu'elles devraient trouver : une mise à l'abri, une sécurisation", insiste Anne Bouillon. Même si, selon elle, "les choses avancent indéniablement (...) On a toujours le sentiment d'un train de retard, que nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux. 43 femmes sont mortes sous les coups de leurs compagnons en France depuis le début de l'année : ce qui ne change pas, c'est le nombre de nos mortes et c'est insupportable", dit l'avocate.
Il faut "débloquer des moyens"
Dans un plan contre les violences conjugales, le gouvernement veut notamment mettre en place des pôles spécialisés : "Cela va dans le bon sens, ce sont des magistrats qui décloisonnent l'information et sont à même de mieux la traiter", estime Anne Bouillon, citant l'exemple du parquet de Nantes. Mais il faudrait selon elle aller plus loin, avec la création de "juridictions spécialisées", des tribunaux compétents sur "les aspects familiaux, civils mais également la dimension pénale d'un dossier (...) Une juridiction unique qui concentre toutes les compétences comme cela se fait en Espagne", explique l'avocate.
Le plus urgent reste de "débloquer des moyens", dit Anne Bouillon. "Ce plan ne répond pas à une question c'est : combien on met sur la table ? (...) Il faut aller dans les palais de justice pour voir comment on travaille : avec des bouts de chandelle ! C'est l'accès au droit et à la protection qui est précarisé". Comme de nombreuses associations, l'avocate plaide pour un budget d'un milliard d'euros "pour changer de paradigme : les mesures [de ce plan] sont intelligentes, elles vont dans le bon sens mais sans moyens dédiés cela restera lettre morte".
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