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Vidéo Sondages sur l'euthanasie : de 95% à 34% de réponses favorables selon la question

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Sondages : comment passer de 95% à 34% de réponses favorables à l'euthanasie
Sondages : comment passer de 95% à 34% de réponses favorables à l'euthanasie Sondages : comment passer de 95% à 34% de réponses favorables à l'euthanasie
Article rédigé par France 2
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Alors que les sondages font l'actualité, "Envoyé spécial" s'est penché sur les secrets de leur fabrication. Orienter une enquête d'opinion, c'est simple : parfois, la réponse est dans la question… Exemple sur un sujet clivant, l’euthanasie : selon le sondage (et son commanditaire), les réponses favorables passent de 95% à 34%. Extrait.

Alors que les sondages font l'actualité, "Envoyé spécial" s'est penché sur les secrets de leur fabrication. Orienter une enquête d'opinion, c'est simple : souvent, la réponse est dans la question… Extrait avec l’exemple de l'euthanasie.

Le chiffre massif de 95% de Français en faveur d'une nouvelle loi sur l'euthanasie est mis en avant par l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Mais voici comment la question a été posée : "Selon vous, la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes souffrant de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ?" "Souffrance", insupportable", "incurable"… des termes loin d'être neutres. 

Quand la question n'est pas neutre

Choisis pour orienter la réponse ? Jean-Luc Romero, le président de l'ADMD, s'en défend et argue que l'Ifop pose la même question depuis des années avec le même résultat. Pour Alain Garrigou, directeur de l'Observatoire des sondages, la chose est claire : "Ce n'est pas une question neutre : [elle] incite à la compassion et fait de celui qui n'accepte pas une sorte de salaud." Une question neutre serait plutôt formulée comme suit : "D'après vous, faut-il faire voter une loi visant à autoriser l'euthanasie ?" L'expert accuse l'Ifop de "faute méthodologique" : biaiser volontairement la formulation pour orienter les réponses dans le sens du commanditaire.

L'Ifop rédige-t-il les questions "à la tête du client" ?

Lionel Poussery est allé à l'Ifop interroger l'auteur du sondage pour l'ADMD, Frédéric Dabi. Celui-ci reprend le même argument que Jean-Luc Romero : il s'agit d'une question historique. Pourtant, il y a deux ans, l'institut a réalisé un autre sondage sur la fin de vie pour Soulager mais pas tuer, une association contre l'euthanasie. La question n'a pas du tout été posée de la même façon : "Quand vous pensez à votre propre fin de vie, quels sont, parmi les points suivants, les deux qui vous semblent prioritaires ?" Cette fois, seulement 34% des sondés citent l'euthanasie… Pour Frédéric Dabi, ces deux sondages ne sont pas contradictoires, mais complémentaires.

Extrait de "Secrets de sondages", un reportage de Lionel Poussery et Jérôme Weisselberg à voir dans "Envoyé spécial" le 13 avril 2017.

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