L'"aide à mourir" proposée par Emmanuel Macron est "une avancée" mais "n'est pas faisable" en l'état, alerte Jean Luc Roméro

Jean-Luc Roméro dénonce notamment l'une des conditions posées par Emmanuel Macron pour bénéficier de cette aide à mourir qui établit qu'"une équipe collégiale de médecins va décider de vous accorder ou non ce droit".
Article rédigé par franceinfo
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Jean-Luc Roméro, le président de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) à Paris le 2 novembre 2023. (VALERIE DUBOIS / HANS LUCAS)

L'"aide à mourir" proposée par Emmanuel Macron dimanche 10 mars est "la seule avancée" annoncée par le chef de l'Etat, a réagi sur franceinfo Jean-Luc Roméro, président d’honneur de l’association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), alors que le président de la République a annoncé, dans un entretien accordé à La Croix et Libération, qu'un projet de loi ouvrant une "aide à mourir" sous "conditions strictes" serait présenté en avril en Conseil des ministres, en vue d'une première lecture en mai à l'Assemblée nationale. Selon Jean-Luc Roméro, cette proposition "n'est pas faisable" en l'état.

"On passe de ce qu'appelait Jean Léonetti, le 'laisser mourir', au 'faire mourir'. Donc évidemment, je ne peux que m'en réjouir", reconnaît Jean-Luc Roméro. Mais le président d'honneur de l'ADMD pointe les conditions posées par Emmanuel Macron pour bénéficier de cette aide à mourir, et notamment "la cinquième condition" qui établit qu'"une équipe collégiale de médecins va décider de vous accorder ou non ce droit". Il fait part de ces "inquiétudes", car si les médecins "ne sont pas d'accord entre eux, il faudra demander à une autre équipe. Et si cette autre équipe n'est pas d'accord, il faudra aller en justice". Pour Jean-Luc Roméro, "cela paraît totalement impossible". Selon lui, "aucun pays qui nous entoure n'a utilisé un système comme celui-là". Il attend maintenant que "le Parlement nous fasse un texte qui soit un texte applicable."

"Même si on peut se réjouir [qu'Emmanuel Macron] ait osé enfin utiliser le mot aide active à mourir, ce qu'il propose n'est absolument pas faisable".

Jean-Luc Roméro, président d’honneur de l’association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD)

franceinfo

Jean-Luc Roméro "regrette" également que le chef de l'Etat dise que cette aide à mourir "n'est ni un droit, ni une liberté qu'il va accorder aux citoyens". "C'est encore une affaire médicale qu'il nous fait, avec des médecins qui décident." Pour le président d'honneur de l'ADMD, "c'est la personne qui est mourante, qui doit pouvoir décider ce qui est le bien pour elle". Il attend à ce qu'on donne aux personnes "le droit à pouvoir décider de mourir, parce qu'il n'y a pas un principe supérieur dans une République laïque qui vous oblige à mourir le plus tard possible dans la souffrance".

Jean-Luc Roméro dénonce encore "la médicalisation" et le fait de donner "tout pouvoir à des médecins". "Que des médecins, comme cela se passe en Belgique notamment, vérifient votre discernement, c'est tout à fait normal", souligne le président d'honneur de l'ADMD. "Mais ils ne sont pas là pour vous dire oui ou non. Ils sont là pour vous dire, vous êtes dans les conditions de la loi. Donc si vous le souhaitez, vous pouvez en bénéficier." Jean-Luc Roméro estime qu'avec la proposition formulée par Emmanuel Macron, ce sont les médecins, "alors que vous êtes dans toutes les conditions de la loi, qui vont décider. C'est à dire deux ou trois personnes qui vont choisir pour vous. Et ça, ça me paraît terrible". "On est toujours dans la médicalisation et on donne tout pouvoir à des médecins qui ont, d'une certaine manière le droit de mort sur vous", ajoute Jean-Luc Roméro.

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