Enterrement de vie de garçon : trois scénarios à éviter (sauf si vous préférez passer la nuit au poste)
Vous allez sûrement boire, dire des bêtises plus grosses que vous, oublier la moitié de la soirée et vous réveiller dans une baignoire. Mais il existe trois choses que vous ne devriez (vraiment) pas faire.
Le 3 décembre 2011, les amis du Britannique Mark Fournier lui ont offert une soirée inoubliable pour son enterrement de vie de garçon (EVG pour les intimes, voire juste pour les jeunes). Vêtu d'un costume de SS, le futur époux, entouré de sa bande, s'est attablé pour dîner dans un restaurant de la station de ski de Val Thorens (Savoie). Marrant ? Pas pour les clients, ni pour la direction : difficile en effet d'avaler une raclette à côté d'un gaillard en uniforme nazi, casquette vissée sur la tête et brassard à croix gammée serré sur le biceps. Mardi 21 janvier, le tribunal d'Albertville (Savoie) l'a condamné à payer une contravention de 1 500 euros.
Boire, c'est mal. Draguouiller une strip-teaseuse, c'est pas terrible (à une semaine de son mariage), mais cela reste acceptable, voire obligatoire dans ce genre de circonstances. Mais il existe des lignes rouges à ne pas franchir.
Le costume nazi (ou illégal), donc...
Contrairement à l'adage traditionnellement utilisé pour évoquer Las Vegas et ses tentations, "ce qu'il se passe à Val Thorens ne reste pas à Val Thorens." Plus de deux ans après sa soirée tristement costumée, la recherche "Mark Fournier + Hitler" donne encore d'embarrassants résultats sur Google. Sauf qu'ici, la honte numérique (l'internet n'oublie rien) s'est accompagnée d'un volet judiciaire. L'avocat de Fournier l'a assuré lors de sa plaidoirie, en décembre : il "ne pense pas qu’à ce moment, [son] client avait conscience de violer la loi française (…)". Le parquet d'Albertville avait quand même ouvert une information judiciaire pour "apologie de crime de guerre ou contre l'humanité", "provocation publique à la discrimination ou à la haine raciale", "port d'uniforme ou d'insigne d'une organisation criminelle contre l'humanité" et "injure à caractère raciste", avant de ne retenir que le port d'uniforme d'une organisation criminelle : une infraction passible d'une amende de 15 000 euros.
La leçon de cette histoire ? N'acceptez pas de porter un uniforme qui n'est pas le vôtre. Cela est aussi valable pour des tenues légales mais usurpées, comme celles de pompiers, de policiers et de militaires, pour lequel un port illégal d'uniforme peut être retenu. En revanche, vous avez le droit de manquer de goût et de danser dans un costume représentant un organe reproducteur (ne faites pas semblant de ne pas savoir de quel costume nous parlons), ou vêtu d'un tee-shirt ridiculement offensant pour le sexe opposé.
Le lancer de nains
"Je voudrais louer trois nains pour un enterrement de vie de garçon à Paris. Je voudrais qu'ils soient habillés comme des agents de sécurité (...) Le marié va être habillé comme un VIP (Elvis, peut-être), et il faut simplement le suivre et faire semblant d'autoriser des fans à l'approcher." Cette petite annonce, postée sur le site Craigslist, peut paraître étonnante. S'offrir les services de personnes pendant un enterrement de vie de garçon est courant. Encore faut-il rester dans les clous. En 2010, le New York Times rapportait qu'un trader de la banque Morgan Stanley avait été licencié après avoir tenté d'engager un nain pour son enterrement de vie de garçon : ce dernier devait le rencontrer à l'aéroport en tenu d'agent du film Men in Black, afin d'être menotté au marié toute la soirée.
En 2006, des courtiers soucieux de faire affaire avec Fidelity Investment n'ont pas hésité à payer pour l'enterrement de vie de garçon de l'un d'eux, avec au programme jet privé et lancer de nain, rapporte le New York Post. Dans le livre Bachelor Party Confidential (éd. Simon and Schuster, 2007), l'Américain David Boyer confirme que cette pratique subsiste dans l'intimité imbibée de certains EVG. Si l'argument de la dignité humaine ne vous suffit pas, sachez que le lancer de nain a été interdit en France par une circulaire ministérielle du 27 novembre 1991.
Bref, ne tentez pas de reproduire ces activités (ou tout autre jeu pouvant s'inspirer des vicieux hobbies du héros du film Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese).
L'enlèvement brutal
Quitte à faire une bonne frayeur au héros de la soirée, autant éviter que celle-ci lui soit fatale. Ainsi, après avoir été "enlevé" par ses amis, déguisés en commando, un jeune marié britannique a failli rater son propre mariage : tétanisé, enfermé au moins deux heures dans un van, il a développé un zona à la suite de cette épreuve surprise trop stressante, raconte The Daily Dot.
En 2010, à Guémar (Haut-Rhin) des gendarmes, alertés par un témoin, découvrent un jeune homme en slip, ligoté et bâillonné, enfermé dans le coffre d'une voiture. Ses amis, cagoulés et armés d'un pistolet factice, ont organisé un faux enlèvement pour pimenter son enterrement de vie de garçon. Résultat : des centaines de gendarmes et de policiers mobilisés dans le cadre d'un plan Epervier.
Ces blagueurs, sermonnés par les militaires, ont échappé à l'amende et au tribunal, mais les occasions de malmener le "bachelor" sont nombreuses et parfois tragiques. Dans la catégorie la plus extrême, un futur marié à été battu à mort par ses "amis", a rapporté le New York Post. Certes, les meurtres sont exceptionnels. Mais soyons clairs : le terme "enterrement" de vie de garçon est métaphorique, hein.
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