Violences sur mineurs en famille d'accueil : "Ce procès nous démontre que la vie des enfants placés compte moins que celle des autres", dénonce un militant des droits de l'enfant
"C'est un système qui est à bout de souffle, qui n'arrive plus à remplir sa mission première, qui est celle de protéger" les mineurs, a affirmé sur franceinfo l'un des membres fondateurs du Comité de vigilance des enfants placés Lyes Louffok alors que s'ouvre lundi 14 octobre à Châteauroux (Indre) le procès de 19 personnes, jugées pour avoir accueilli sans agrément des mineurs, dont certains ont subi des violences physiques, psychologiques, des humiliations et du travail forcé. "Il faut que ce procès permette d'améliorer considérablement notre système, notamment pour les générations futures", a-t-il plaidé.
Entre 2010 et 2017, des dizaines d'enfants ont été confiées illégalement par l'Aide sociale à l'enfance (ASE) du Nord à la structure "Enfance et Bien-Être" dans l'Indre, qui ne disposait pas de l'agrément nécessaire. "Il y a de fait une négligence manifeste du département dans cette situation", un "je m'en foutisme total de la part du département", a-t-il asséné, alors que le département du Nord comptait en septembre 22 837 enfants sous mesure de protection, dont 12 805 placés en famille d'accueil ou foyer, soit le département avec "le plus haut taux d'enfants placés" de France, fait observer Lyes Louffok.
Un "problème systémique"
Plus qu'un "problème de moyens", le militant y voit un "problème systémique". "En laissant le système se dégrader", Lyes Louffok a le sentiment "qu'il y a des vies qui valent moins que d'autres". "Ce procès nous démontre que la vie des enfants placés compte moins que celle des autres", a-t-il résumé. "Les dysfonctionnements à l'enfance sont de plus en plus documentés ces dernières années, ils sont nombreux et ils sont tous absolument catastrophiques", a déploré le militant des droits de l'enfant, appelant "évidemment à des réformes".
"Depuis les lois de décentralisation dans les années 80, il est établi que les départements ont fait preuve d'énormément de négligence et d'irresponsabilité à l'égard des enfants placés", a-t-il estimé. "Aujourd'hui, les départements ne peuvent plus assumer cette politique publique", a-t-il ajouté. Selon lui, si "la recentralisation est un préalable" qui "permettrait au Parlement de contrôler l'action du gouvernement en matière de protection de l'enfance et de voter des budgets de manière homogène sur l'ensemble du territoire", elle ne peut pas être "une solution miracle". "Ça ne suffit pas, a-t-il appuyé. Il prône pour la création d'une "instance nationale indépendante de contrôle" chargée de "vérifier que les enfants soient traités correctement et que leurs droits soient respectés dans les foyers, dans les familles d'accueil".
Le militant des droits de l'enfant a par ailleurs appelé le nouveau ministre des Solidarités Paul Christophe "à prendre ses responsabilités" et "à publier enfin les décrets d'application de la loi de 2022, notamment à créer ce fichier national" des agréments des assistants familiaux afin de mieux contrôler ceux qui exercent dans plusieurs départements, ou qui pourraient changer de département après un retrait d’agrément.
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