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Travaux d’intérêt général pour les "parents défaillants" : "Nous ne sommes pas sur cette approche", assure Hélène Roques

"Soutenir la parentalité" et non mettre les parents en posture de "délinquants", tel est l'objectif, insiste la coprésidente de la commission sur la parentalité, fondatrice de Notre Avenir pour tous. "Agir en amont des crises de notre société".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Hélène Roques, fondatrice de Notre Avenir pour tous et coprésidente de la commission sur la parentalité, le 11 décembre 2023 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Nous ne sommes absolument pas sur cette approche", a affirmé lundi 11 décembre sur franceinfo Hélène Roques, fondatrice de Notre Avenir pour tous, une structure spécialisée dans les questions de jeunesse, et coprésidente de la commission sur la parentalité mise en place par le gouvernement qui débute ses travaux lundi. La ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, a annoncé dimanche la mise en place de travaux d’intérêt général pour les "parents défaillants".

Hélène Roques a pris ses distances avec cette mesure à l’instar du psychiatre Serge Hefez dimanche sur franceinfo, l’autre coprésident de cette commission : "Cela mettrait ces parents en situation vis-à-vis de leurs enfants d'être eux-mêmes des 'délinquants'", a-t-elle souligné. Les membres de cette commission "sont animées par le désir de soutenir la parentalité, explique-t-elle. Notre angle, c'est la prévention".

franceinfo : Emmanuel Macron souhaite des travaux d'intérêt général pour les parents "défaillants" qui ne s'occuperaient pas assez de leurs enfants. C’est une porte d’entrée qui vous convient ?

Hélène Roques : Je ne sais pas très bien ce que ce sont des parents défaillants. On est peut-être nombreux à se reconnaître dans le fait qu'on n'est pas forcément des parents parfaits.

"C’est une question intéressante de savoir ce que sont des 'parents défaillants' avant de commenter ce qu'on pourrait leur faire faire. Sinon, on risque d'être trop nombreux."

Hélène Roques, fondatrice de Notre Avenir pour tous

à franceinfo

Permettez-moi d'en plaisanter un tout petit peu. Le vrai sujet qui est derrière cette question, c’est un sujet qui est celui de l'autorité. On ne peut pas le balayer d'un revers de main. Il peut y avoir une crise d'autorité, des moments de perte d'autorité. Cela tient à beaucoup de choses. Cela tient à l'époque. Cela tient à des questions sociales, mais aussi à l'état de nos enfants.

Est-ce qu’on n’en met pas beaucoup sur les épaules des parents ?

On a trop stigmatisé les parents parce qu'en réalité, c'est toute la collectivité qui doit se remettre en question pour élever ses enfants. C'est le principe d'ailleurs des cités éducatives. Ce ne sont pas que les parents qui sont en face de cette crise d'autorité. Maintenant, une fois qu'on a dit cela, il ne faut pas, à mon avis, ajouter de la perte d'autorité à la perte d'autorité. Des travaux d'utilité collective pour des parents qui seraient considérés comme défaillants, encore faut-il avoir pu démontrer que ce sont des parents défaillants, cela mettrait ces parents en situation vis-à-vis de leurs enfants d'être eux-mêmes - entre guillemets - des délinquants. Ce n'est pas du tout mon approche, ce n'est pas celle de Serge Hefez. La vingtaine de membres de la commission dont je connais plutôt les profils sont des personnes qui sont animées par le désir de soutenir la parentalité. Notre angle, c'est la prévention. Agir en amont des crises de notre société.

Quel est l’état psychologique de la jeunesse en France ?

Depuis trois ans, nous travaillons avec Ipsos et le soutien de l'Essec et de la Fondation Jean-Jaurès sur les 11 et 15 ans. Cette jeunesse est un peu invisible puisqu'ils sont trop grands pour qu'on ait l'attention qu'on donne aux tout petits. Ils ne sont pas encore sortis de la maison et du berceau, c’est la raison pour laquelle on s'en occupe un tout petit peu moins parce qu'ils ne sont pas encore en face de la crise du logement, etc. Ces jeunes vont mal. Tous les indicateurs d'anxiété et de dépression sont à la hausse. Nous allons produire en janvier la troisième vague du baromètre de Notre avenir à tous qui fera état des résultats de cette année. Vous aviez l'année dernière, en novembre, 17% des enfants qui ont répondu "oui" à la question de savoir si, dans les deux dernières semaines, ils avaient été envahis par des idées suicidaires. L'année précédente, c'était 10%. Alors, quand bien même ce chiffre serait exagéré, il s'agit du déclaratif, je suis pour prendre au sérieux la parole des enfants.

"Une société qui est en face de ces chiffres doit vraiment réfléchir à ce que la génération des parents que nous sommes peut transmettre aux enfants pour leur donner envie de grandir."

Hélène Roques

à franceinfo

Aurore Bergé parle de l'importance grandissante des écrans. En quoi cela sape l'autorité des parents aujourd'hui ?

Quand une crise intervenait à 8 heures du soir, avant les écrans, on en parlait et le lendemain on reprenait les choses. Maintenant, le téléphone crépite toute la nuit. Donc ce qui est important, c'est de pouvoir aider les parents à avoir un peu plus la main sur leur enfant, à être un peu plus en connexion avec leurs enfants. Pour cela, ils ont besoin d'avoir des relais d'autorité. Une des grandes pistes de réflexion, ce sera probablement, en tout cas mon premier rapport dans cette commission, de trouver tous les lieux de médiation qui peuvent exister dans les villes pour que les enfants puissent avoir des lieux qui ne sont ni l'école, ni la maison, dans lesquels ils se sentent en sécurité, dans lesquels les parents les sentent en sécurité, pour qu'ils puissent se développer et se construire.

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