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Vidéo Pour sauver sa peau, l'ENA se cherche des ancêtres agriculteurs

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L'oeil du 20 heures - 18 avril 2019
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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L'ENA n'entend pas se laisser enterrer sans réagir. Face à la rumeur de sa possible suppression, l'Ecole revendique sa mixité sociale, et met en avant les professions des grands parents de ses élèves.

A l’ENA, c’est une nouvelle qui ne ravit pas la direction : l’Elysée envisagerait de supprimer l’école d’administration, accusée d’accentuer la reproduction des élites… Pour se défendre, l’école a cherché dans les arbres généalogiques de ses élèves des preuves de mixité sociale. Et pour leur trouver des ancêtres ouvriers, employés, ou agriculteurs... il faut parfois remonter plusieurs générations.

Cette semaine, on a appris plein de choses sur les papys et les mamies des énarques : pour démontrer la mixité sociale au sein de l’école, l’ENA a publié hier un message sur les réseaux sociaux.

On y lit que 9% des énarques sont petits-enfants d’agriculteurs, 12% petits-enfants d’employés, 14% d’ouvriers : autant de grands-parents modestes. Mais qu’en est-il des parents des élèves de l’ENA ? L’école n’a rien tweeté là-dessus, mais selon une étude de 2015, seulement 6% des énarques ont des parents employés et ouvriers, soit à peine un élève sur 16.

Pour Luc Rouban, sociologue qui a étudié toutes les promotions depuis les années 50, la part des étudiants issus des classes sociales supérieures à l’ENA ne cesse d’augmenter. “Dans les années 1950, 45% des élèves venaient des catégories supérieures, et dans les années 1990-2000 c’est 70 %. Parce que l’ENA est un point de départ très important pour des carrières brillantes, donc il y a une très grosse demande au sein des classes dirigeantes françaises pour que leurs enfants fassent l’ENA.

En effet, depuis 30 ans, la part des enfants de cadres à l’ENA reste très largement au-dessus de toutes les autres catégories socio-professionnelles… artisans, ouvriers, et professions intermédiaires.

Mais pour les anciens élèves, ce manque de mixité sociale dans l’école de la haute administration n’est pas la faute de l’ENA. “L’ENA ne peut pas porter sur ses épaules tout le poids des inégalités sociales qui se reproduisent à travers le système scolaire,” estime Daniel Keller, président de l’Association des Anciens Elèves de l’ENA. “La lutte contre les inégalités, ça commence à l’école maternelle. L’ENA a au moins le mérite d’être une école fondée sur un concours méritocratique, comme toutes les grandes écoles, comme Normale Sup, comme Polytechnique.

Comme toutes les grandes écoles, à un détail près : à Normale Sup, Polytechnique ou Sciences Po, la part d’enfants d’employés et d’ouvriers est plus élevée qu’à l’ENA, selon une étude publiée par l’école elle-même.

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