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Réveil aux aurores, activités pédagogiques, malaises... On vous résume les premiers jours du Service national universel

Deux mille volontaires, répartis dans treize départements, étrennent le SNU depuis lundi. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Le premier jour du Service national universel (SNU) au lycée Le Corbusier, à Tourcoing (Nord), le 17 juin 2019.  (SYLVAIN LEFEVRE / HANS LUCAS)

"On a mis le réveil à 5h30 pour arriver à l'heure au lever du drapeau." Pour les 2 000 volontaires au Service national universel (SNU), les premiers jours sont plutôt intenses. Depuis lundi 17 juin, ces adolescents de 15 à 16 ans – lycéens, décrocheurs scolaires, apprentis et élèves en CAP – enchaînent les levers de drapeaux, les modules de sensibilisation et les activités sportives en pleine nature. Le tout en uniforme et sans téléphone, prohibé pendant la journée.

Lancée dans treize départements pilotes, cette première phase d'expérimentation dure douze jours et vise à créer de la "recherche de sens autour des valeurs de la République, une recherche de cohésion" explique le secrétaire d'Etat et pilote du projet, Gabriel Attal, sur France 2. Pendant l'été ou l'année scolaire suivante, les volontaires entameront le deuxième volet de cette expérimentation et réaliseront une mission d’intérêt général de deux semaines au total. 

Franceinfo revient sur ces premières journées, émaillées de quelques couacs. 

Un programme inspiré des pratiques militaires

"On met correctement la casquette ! Chemisier dans le pantalon, on se tient droit, le ministre arrive !" lance un instructeur du lycée Le Corbusier à Tourcoing (Nord), les yeux rivés sur la rangée de jeunes en pantalon bleu marine et polo blanc cocardé. Uniforme, levée des couleurs, hébergement en maisonnées regroupées par cinq au sein d'une compagnie... Ce "séjour de cohésion" se rapproche beaucoup d'une immersion dans une caserne. Même si, pour Gabriel Attal, le dispositif n'a rien de militaire. Le secrétaire d'Etat parle plutôt de "patriotisme". 

Des vidéos montrant les jeunes entonner La Marseillaise a cappella ont beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux. "Décidément c’est bien les années trente et c’est ultra flippant" commente un internaute. "Je suis le seul que ça fait limite flipper ?" questionne un autre. L'hymne national est au programme tous les matins.

"C'est un peu impressionnant, mais on est fiers. Ces couleurs, ça nous représente !" s'enthousiasme Vincent, un volontaire venu de la Creuse. Aucun des jeunes n'effectue le séjour SNU dans le département où il vit, afin de créer "un élargissement du champ des possibles pour ces jeunes" commente Gabriel Attal sur France 2. Le secrétaire d'Etat précise que certains ont "changé de région pour la première fois" de leur vie.

Entre la formation aux premiers secours, les activités sportives et de cohésion et les modules "défense et sécurité nationale", les yeux sont fatigués. Mais certains y trouvent leur compte, comme ce jeune, à Tourcoing, qui rêve d'entrer dans les forces de l'ordre et veut "vivre ce qu'ont vécu nos anciens, nos soldats".

Des activités sportives et des ateliers "fake news" 

Le programme de ces 12 jours s'articule autour de quatre objectifs : "Développer une culture de l'engagement" pour "accroître la cohésion et la résilience de la nation", "garantir un brassage social et territorial de l'ensemble d'une classe d'âge", "renforcer l'orientation en amont et l'accompagnement des jeunes dans la construction de leurs parcours personnel et professionnel" et enfin "valoriser les territoires et leur patrimoine culturel".

Concrètement, les journées sont rythmées par des cours de sport (d'une durée de deux heures en moyenne) et des activités pédagogiques. Au lycée Aristide-Briand d'Evreux (Eure), les jeunes ont eut le droit à des modules en groupe sur l’égalité hommes-femmes et les valeurs de la République. "J'avoue, je n'ai pas retenu grand-chose, en fait, reconnaît Karine, 16 ans, qui a eu du mal à se concentrer après une courte nuit. C'était intéressant, mais avec le voyage et tout, j'avais du mal à suivre." 

A Bourges (Cher), où 160 jeunes sont logés au Crous, la première journée a bien failli achever les troupes. "On a beaucoup marché, de 9 heures à 17 heures, c'est épuisant, mais c'était intéressant, ce rallye dans Bourges" reconnaît une jeune femme à France Bleu Cher. Leur planning s'annonce encore bien chargé, "entre bilan de santé, journée armée et mémoire, journée sécurité civile, bilan de compétence et orientation professionnelle et Code de la route", détaille la radio. 

Et le soir, pas question de se tourner les pouces. Les soirées, passées en commun, sont consacrées à des temps de réflexion sur des sujets de société, comme les clichés sexistes. Des athlètes du Centre de ressources, d'expertise et de performances sportives (Creps), sont d'ailleurs venus répondre aux questions des volontaires à ce sujet. 

Au total, 450 encadrants sont mobilisés sur les treize départements. Il s'agit essentiellement de tuteurs diplômés du Bafa mais aussi de plusieurs réservistes. A Evreux, dans l'équipe de direction, on trouve "une enseignante d’anglais et un ancien colonel de l’armée de l’air" indique Le Monde. 

Des malaises à Evreux et quelques couacs ailleurs 

Mardi soir, la forte chaleur a eu raison des bonnes volontés collectives à Evreux, où 25 jeunes ont été pris de malaise, selon les chiffres de la préfecture"C'est un petit coup de chaud comme on en voit régulièrement" a tenté de relativiser le maire de la ville, Guy Lefrand. Ces malaises ont eu lieu en pleine cérémonie officielle de l'inauguration de la nouvelle place de Gaulle, après une heure passée debout, en plein soleil.  

Sur cette vidéo prise sur place (et twittée ensuite par un compte qui critique la politique d'Emmanuel Macron), on aperçoit les pompiers emmener les jeunes concernés. Précisons que tous étaient en bonne santé le lendemain.

Le cabinet de Gabriel Attal a indiqué à Libération qu’à l’avenir "les cérémonies devront se faire à l’ombre", en particulier à cause de la vague de chaleur prévue pour les prochains jours. 

A l'heure de tirer un bilan de ces premières journées, certains font état de quelques flottements du côté de l'encadrement : "On a remarqué plein de trucs qui n'allaient pas dans l'organisation, aujourd'hui. On a vu des tuteurs galérer avec leurs emplois du temps, ne pas trouver les salles dans lesquelles on devait avoir cours", remarque Karine, toutefois magnanime : "C'est le premier jour, on va dire que ça se met en place"

Il ne s'agit pour l'instant que de la phase test du futur SNU. Une mission de recherche a d'ailleurs été confiée par le gouvernement à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire. Des chercheurs, présents dans tous les centres, "vont apprécier si les objectifs du SNU, la cohésion, la formation sur un certain nombre de réflexes et la levée des freins à l'engagement [chez les pompiers, dans la réserve opérationnelle, en service civique]" sont tenus, détaille Gabriel Attal sur franceinfo. 

Cette version bêta du SNU concernera 40 000 jeunes l'an prochain puis 800 000 par an ensuite. Soit un coût annuel de 1,7 milliard d’euros. 

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