Seine-Saint-Denis : des parents occupent 200 écoles pour dénoncer le non-remplacement des enseignants absents
Les parents d'élèves se sont mobilisés, mercredi, pour dénoncer les classes sans instituteurs.
"C'est une situation d'urgence." De nombreux parents d'élèves de Seine-Saint-Denis se sont mobilisés, mercredi 13 avril, pour dénoncer les classes sans enseignants. Les bureaux des directeurs de près de 200 écoles ont été brièvement occupés dans la matinée, afin d'alerter l'académie de Créteil sur ce problème récurrent.
"Ces opérations se déroulent dans le calme, assure Sybille, du collectif de parents d'élèves les Bonnets d'âne de Saint-Denis, qui participe à l'action. Le but n'est pas de bloquer les établissements mais d'envoyer un maximum de mails et de fax à l'inspection académique pour l'informer que des parents excédés occupent les bureaux des directeurs."
Quatre cents classes sans enseignant chaque jour
Le ministère de l'Education nationale ne communique aucun chiffre précis sur les absences non remplacées. Mais, selon les informations rassemblées par les parents d'élèves, 400 classes de primaire sur 8 300 environ seraient sans instituteur chaque jour en Seine-Saint-Denis.
De nombreux témoignages de parents font écho à ce chiffre. "Les élèves d'une des classes de CP de l'école Jules-Vallès n'ont pas eu une seule semaine de cours complète depuis octobre", rapporte Sybille, des Bonnets d'âne.
"Dans l'école de ma fille, une classe de double niveau a vu dix remplaçants différents se succéder en trois mois, ajoute Delphine, elle aussi membre du collectif. D'autres enseignants de Saint-Denis se retrouvent avec des classes en sureffectif parce que les élèves sans instituteur sont redispatchés."
Des remplaçants non formés à encadrer des enfants
Les parents d'élèves du département se sont déjà mobilisés à plusieurs reprises ces trois dernières années, pour dénoncer cette situation récurrente. Ils ont notamment rencontré en janvier la Direction des services départementaux de l'éducation nationale, qui a admis une "situation de crise".
La solution proposée ne satisfait toutefois pas les parents d'élèves. "On nous propose d'engager encore plus de contractuels, via Pôle emploi, s'agace Delphine. Mais il s'agit de personnes qui ne sont pas formées à l'enseignement, voire qui n'ont jamais encadré d'enfants auparavant."
Certains contractuels se montrent "peu motivés" et font même preuve d'un "comportement inadapté". "Le collectif Bonnets d'âne de Montreuil a eu connaissance d'un remplaçant ivre face à une classe de CP, insiste la mère de deux enfants. D'autres disent des gros mots ou parlent mal aux élèves."
Une rencontre au ministère mercredi
Les parents sont d'autant plus excédés que le gouvernement s'était déjà engagé à apporter des solutions à cette situation en 2015. Pour pallier le manque de candidats au concours de l'Education nationale dans l'académie de Créteil, une seconde série d'épreuves a été organisée ces deux dernières années. "Une liste complémentaire a même été créée au cas où des instituteurs se désistent, explique Sybille à francetv info. Mais l'académie ne fait pas appel à ces enseignants pour remplacer leurs collègues absents, sans qu'on sache pourquoi !"
Les représentants des parents d'élèves de Seine-Saint-Denis devaient aborder cette question lors d'une rencontre au ministère de l'Education nationale, mercredi 13 avril, dans l'après-midi. Avec l'espoir d'obtenir des mesures concrètes pour permettre aux enfants d'avoir "une scolarité normale".
"Nous voulons que ce deuxième concours dans l'académie de Créteil soit pérennisé et que les candidats placés sur la liste complémentaire soient immédiatement appelés pour remplacer les instituteurs absents", martèle Sybille. "Il faut aussi qu'il y ait un travail de fond sur ce problème, ajoute Delphine. Il n'est pas normal que des élèves soient livrés à eux-mêmes chaque année dans de nombreuses écoles de Seine-Saint-Denis."
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